Loïc Heuzé, Directeur des Relations Extérieures Delta Dore partage son point de vue sur la transition énergétique dans cet article que nous reproduisons. Depuis la conférence de septembre 2013 sur la transition énergétique, les acteurs de la filière ont travaillé pour que les objectifs définis se traduisent dans la vie quotidienne des Français. Le 21 septembre 2013, le président Hollande leur a donné sa feuille de route en mettant en avant, entre autres, la responsabilité du citoyen.
Or, ce signe fort s’est vu fortement contrarié par le Projet de Loi de Finance et notamment la nouvelle disposition du CIDD (Crédit d’Impôt Développement Durable) qui exclut les systèmes de régulation et de programmation du chauffage dans les logements. C’est un très mauvais signe donné aux consommateurs.
Le fameux « facteur 4 » , objectif de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2050 est un objectif ambitieux, mais c’est un objectif de résultat et non un objectif de moyens. Tous les systèmes doivent contribuer à atteindre ce but : que ce soit l’isolation, le remplacement des fenêtres, de la chaudière et des radiateurs électriques par des radiateurs plus intelligents et bien sûr, et par les systèmes de pilotage et d’automatismes des énergies.
Cet objectif ne pourra être atteint sans l’implication forte du consomm’acteur. Il apparaît nécessaire de remettre l’humain au cœur du système. Il détient, en effet, la clef de la réussite et, en complément, les outils de pilotage doivent l’accompagner au quotidien pour le responsabiliser sur ses gestes. Il ne s’agit pas d’opposer les différents systèmes, mais plutôt d’adapter les solutions au cas de chacun. Tous les citoyens ne recherchent pas le même objectif dans leur acte de rénovation. Certains veulent améliorer leur confort, d’autres diminuer leur facture et enfin quelques uns souhaitent améliorer leur patrimoine dans la perspective de revente ou de transmission. Tous les citoyens ne seront pas égaux non plus devant les ressources financières mobilisables. Nous serons dans des cas d’espèces, et non dans la généralité. Les aides existent, mais elles ne sont malheureusement pas assez visibles or les guichets uniques peuvent leur donner cette visibilité nécessaire.
L’eco-citoyen existe … je l’ai rencontré
La Bretagne, par exemple, par le biais du programme Eco Watt a démontré que lorsque le citoyen est informé, il sait faire les bons gestes pour économiser une énergie pour le bien de son territoire. Aujourd’hui, nous éco-conduisons, éco-trions et donc éco-rénoverons. Alors comment imaginer un futur où le bâtiment dans lequel nous vivons ou nous travaillons ne soit pas un endroit pourvu d’un tableau de bord ? Imaginez-vous un instant un pilote dans un avion sans des outils et instruments de pilotage. Le bâtiment ne pourra plus se permettre un tel oubli. Pour consommer moins, il faudra consommer mieux et pour se faire être informé pour agir. Les automatismes nous aiderons au quotidien à faire les bons choix, mais finalement le consommateur devra avoir la main pour décider.
Nous basculons dans un univers connecté où l’habita(n)t connecté est aujourd’hui une réalité. Nous voulons avoir les mêmes outils, aussi bien en local qu’à distance, ce qui rend le pilotage plus ludique, et surtout plus simple. Le premier élément déclencheur est le déploiement maintenant validé des compteurs communicants (LINKY et GAZPAR ), mais à eux seuls, ils ne pourront tout faire. Là encore, la création de valeur pour la fameuse « Madame MICHUT » sera dans les solutions connectées à ces compteurs.
Pour finir, le grand plan de rénovation de l’ensemble de la filière a également son importance. Les installateurs sont un relais de proximité de qualité, mais ils doivent être formés aux nouvelles technologies aujourd’hui disponibles. Il est indispensable de viser l’excellence pour que la réputation, le meilleur vecteur de communication qui existe, alimente cette filière d’avenir que le Président a identifié comme tel.
Donnons-nous alors les moyens d’éco-conduire ! Et même si nos véhicules sont de plus en plus économes comme le seront les bâtiments demain, il n’en reste pas moins vrai que c’est le pilote qui fait la différence …
Loïc Heuzé, Directeur des Relations Extérieures Delta Dore.