Mesdames les candidates et Messieurs les candidats aux élections législatives,
Le président de la République a décidé « de nous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ». Ce faisant, il met un coup d’arrêt aux processus législatifs en cours. En ces périodes troublées, il nous a paru souhaitable de rappeler certaines nécessités et notamment les impératifs en matière de politique énergétique et environnementale.
La vie politique n’est pas un exercice en soi, mais un moyen de guider notre pays et ses habitants face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Pour ce qui concerne les travaux de notre institut, il est urgent que le monde politique fixe des objectifs crédibles dans les domaines de l’énergie et de l’environnement, et donne des orientations qui permettront à notre pays de faire face aux défis qu’ils représentent.
Plusieurs sujets appellent des réponses rapides.
La loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC), la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la stratégie nationale bas carbone (SNBC) : reportés depuis un an, ces outils de programmation sont indispensables pour choisir les priorités qui doivent être retenues. Faute d’orientations précises, il sera difficile de tenir nos engagements nationaux et internationaux. Le prochain Parlement et le Gouvernement doivent légiférer promptement.
La production d’énergie décarbonée. En France, elle repose sur l’électricité d’origine nucléaire et les énergies renouvelables. Il faut des moyens précis et des financements adaptés, faute de quoi ces moyens de production n’atteindront pas rapidement le bon niveau. Il faut que les règles de fixation des prix de l’électricité permettent d’assurer le financement de ces investissements et donnent aux consommateurs la visibilité qui leur est nécessaire.
La rénovation des logements. L’amélioration de leurs performances énergétiques n’est pas traitée à la hauteur des besoins. Les difficultés sont dues, principalement, à des complexités administratives qui pénalisent l’électrification et retardent l’ensemble des rénovations. Or, les besoins en logements sont énormes et des décisions de facilitation devront répondre aux aspirations de nombreux Français en attente de logement.
La biomasse peut contribuer à réduire l’utilisation de produits fossiles dans de nombreux domaines : chaleur, biogaz, biocarburants… Mais les ressources sont limitées. Les prochains responsables politiques devront prononcer les arbitrages nécessaires pour orienter les usages de la biomasse là où ils sont indispensables à l’indépendance énergétique de notre pays.
D’autres choix structurants attendent les décideurs : le développement de la production et de l’installation des pompes à chaleur, la confirmation des objectifs de développement du véhicule électrique et la constitution d’un réseau performant de stations de recharge, la décarbonation des poids lourds, le développement de la production de carburants d’aviation durable (SAF), etc.
La feuille de route est bien fournie. Nous souhaitons que cette échéance électorale, bien que précipitée, permette à nos prochains décideurs politiques de se prononcer sur ces sujets cruciaux. Ils seront déterminants pour l’avenir.
Veuillez agréer, Chères candidates, Chers candidats, l’expression de ma haute considération.
Brice Lalonde
Ancien ministre
Président d’Équilibre des Énergies