Vous venez d’être reconduit à la tête du Plan Bâtiment Durable par la ministre du Logement Emmanuelle Wargon. Quelle bilan faîtes-vous de ces 11 dernières années ? Quels dossiers vous ont le plus marqué ?
Au cours des onze dernières années, le Plan Bâtiment Durable et les acteurs qu’ils regroupent ont été pleinement acteurs des avancées majeures faites en faveur de la transition environnementale de notre parc de bâtiments. Faire la liste des différents chantiers menés seraient trop longue avec plus de trente groupes de travail thématiques lancées, des engagements volontaires d’acteurs à travers des chartes et green deal mais je retiens cependant quelques avancées majeures : la lutte contre la précarité énergétique avec la structuration du programme Habiter Mieux porté par l’Anah, toujours actif et utile à ce sujet malheureusement toujours d’actualité ; la dynamique volontaire engagée par les acteurs du parc tertiaire à travers la charte tertiaire et apportant des retours d’expériences utiles à la mise en œuvre de l’obligation du dispositif Eco-énergie tertiaire ; le chemin parcouru sur la construction avec le virage majeur nous permettant de passer d’une réglementation thermique à environnementale ; le renforcement de l’accompagnement des ménages dans leurs travaux de rénovation.
Au-delà de ces différents chantiers, c’est aussi une prise de conscience, aujourd’hui partagée par tous, de l’importance d’engager vigoureusement la transition du secteur tout en accompagnant fortement les acteurs dans la transformation de leurs pratiques et en suscitant l’innovation.
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Quelles seront vos priorités pour votre prochain mandat ?
La lettre de mission de la ministre revient sur les grandes missions du Plan Bâtiment Durable et les attentes particulières des pouvoirs publics à notre égard : concertation, mobilisation de la filière bâtiment et immobilier, pédagogie, prospective ; ce sont là les leviers d’actions poursuivis par le Plan Bâtiment Durable depuis plusieurs années maintenant.
Dans le champ de la rénovation énergétique, le Plan Bâtiment Durable sera particulièrement mobilisé au cours des prochains mois, sur l’animation et la diffusion des politiques publiques, et en particulier du dispositif Eco-énergie tertiaire et de la réforme en cours du DPE. L’enjeu est essentiel afin de faire adhérer les parties prenantes, informer et former les professionnels qui seront impactés par ces dispositifs. Ce travail est mené en association étroite avec l’administration et l’ensemble de la filière concernée.
Sur le volet de la construction, la future réglementation environnementale marque une étape majeure vers la neutralité carbone du parc et nécessite une mobilisation forte pour une pleine appropriation des règles nouvelles par l’ensemble des filières. Le Plan Bâtiment est chargé d’animer les travaux sur l’élaboration d’un label accompagnant cette réglementation environnementale en s’appuyant sur les travaux menés par le groupe de travail prospectif RBR-T (Réflexion bâtiment responsable & territoires).
Au-delà de ces chantiers thématiques, nous poursuivrons notre dialogue permanent avec les acteurs afin de faire émerger les bonnes pratiques et favoriser les retours d’expériences. Le Plan Bâtiment Durable reste plus que jamais mobilisé aux côtés des acteurs sur cet enjeu majeur de transition écologique du secteur bâtiment et immobilier.
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Une de vos principales missions sera de faire émerger le label de la RE 2020 qui permettra aux acteurs du bâtiment d’aller plus loin pour l’environnement. Quelle devra être la philosophie de ce futur label ?
Le groupe RBR-T, co-présidé par Christian Cléret et Jean-Christophe Visier, a publié courant septembre une première note de positionnement sur le sujet, soumise aux contributions des acteurs. Le groupe propose ainsi un label à deux étages : un premier étage d’accompagnement de la RE2020, concomitant à l’entrée en vigueur de la RE2020 et s’appuyant sur des méthodes existantes ; un second étage ambitieux tourné vers l’anticipation et visant à expérimenter avec la filière de nouvelles approches et de nouveaux enjeux sur la performance des bâtiments. Ce second volet ouvre un large champ de réflexion avec de premiers objectifs affichés par le groupe RBR-T : une vision intégrée des enjeux pour les bâtiments de demain incluant bien entendu la neutralité carbone et l’énergie, mais aussi l’économie circulaire, le confort, la santé, la biodiversité, etc. , réfléchir conjointement sur la construction, la rénovation et l’exploitation, avoir une approche territoriale, …
Nous présenterons prochainement la méthode que nous proposons aux acteurs pour conduire cette réflexion ambitieuse.
Vous aviez initié les Plans Bâtiment Durable territoriaux. Une initiative dont la pertinence est aujourd’hui confirmée par le souhait des territoires d’être impliqués dans la transition énergétique. Où en est cette démarche ? Quel bilan en tirez-vous ? Quelles orientations pour le futur ?
Cette démarche lancée dès 2013 avec les conseils régionaux, puis étendue progressivement à la demande des métropoles montre l’ambition des territoires sur le sujet de la transition énergétique et environnementale des bâtiments et rejoint une conviction forte que nous avons au Plan Bâtiment Durable : l’atteinte des objectifs ne pourra se faire qu’en associant étroitement les collectivités qui portent et animent les dynamiques locales et en prenant en compte les spécificités territoriales.
Les Plans Bâtiment Durable territoriaux ont pris des formes très différentes selon les territoires incluant ainsi les spécificités, les besoins et les ambitions des acteurs. Nous continuons d’accompagner les démarches, y compris sur de nouveaux territoires comme c’est par exemple le cas en Occitanie. Cette logique permet de valoriser les expériences et de créer des véritables dynamiques d’acteurs en adéquation avec les objectifs que chacun se fixe. Depuis 2013, le sujet du bâtiment durable s’est fortement structurée localement et nous pensons que les Plans Bâtiment Durable territoriaux ont été des acteurs utiles à cette structuration. L’objectif est de poursuivre cette animation territoriale au plus près des besoins et attentes exprimées.
