A voir les chiffres de l’étude Insee, il y a moins d’un an, j’aurais été également classée du côté des « précaires énergétiques ». Non seulement ma facture énergétique représentait 10% de mes revenus, mais en plus, ce qui est toujours le cas, je dois faire face à de grosses déperditions de chaleur en raison de défauts d’isolation non résolus par mon bailleur. Si l’aspiration à une répartition du patrimoine énergétique plus équilibrée est totalement louable, de quels véritables choix dispose-t-on aujourd’hui à la veille de l’application de la RT 2012 ?
Il semble bien aberrant de se retrouver entre les feux croisés de logiques qui refusent de s’écouter pour avancer dans la bonne direction.
L’objectif n’est pas seulement de choisir d’un côté entre un mode d’approvisionnement en énergie unique qui serait meilleur que les autres et le fait d’être un propriétaire qui se repose sur ses acquis…
Il semble y avoir de grands défauts de communication sur les tenants et aboutissants de règlementations toujours plus exigeantes mais qui ne tiennent pas forcément compte de réalités plus pratiques : comment par exemple conserver un pouvoir d’achat convenable si l’accès à l’énergie devient équivalent à vouloir un produit de luxe, si l’appartement que je rêve de m’offrir coûtera plus cher pour répondre aux nouvelles normes et si l’on ne me laisse plus la liberté de mes choix énergétiques à cause de ces mêmes normes ?
La réalité vient d’être publiée :
– l’étude publiée par l’Insee pour l’Observatoire national de la précarité énergétique recense plus de 3,4 millions de Français en situation de précarité
– 80% des logements français figurent dans les catégories D à F, soit 3 des 4 plus « mauvaises » de l’étiquette de performance énergétique »
– le besoin annuel de 500 000 nouveaux logements n’est pas conciliable avec l’étalement urbain, tandis que le désir d’une maison personnelle est de plus en plus grandissant
– Un écoquartier met 5 ans à sortir de terre, sans omettre l’énergie grise qui va être déployée à sa réalisation
Il s’agit donc de réconcilier des équations multifactorielles qui doivent également prendre en compte une donnée essentielle : l’information du consommateur final pour qu’il puisse orienter ses choix de façon éclairée et équilibrée.
Le temps est venu de réfléchir, avec les principaux intéressés à la marge de manœuvre que l’on peut encore nous laisser, à savoir ne pas se retrouver dans des situations de « non choix » mais dans une pluralité intelligemment construite pour bâtir l’habitat de demain…