Le jeudi 5 juillet 2018, le Président Brice Lalonde recevait le Secrétaire général pour l’investissement Guillaume Boudy afin d’échanger sur les politiques d’investissement de l’Etat relatives à la transition énergétique.
Quelle place pour la transition énergétique dans le Grand plan d’investissement (GPI) lancé par le Premier Ministre Edouard Philippe il y a presque un an ? Guillaume Boudy a répondu très rapidement à cette question : la lutte contre le dérèglement climatique est « La priorité des priorités » du GPI. En effet, sur le quinquennat c’est 20 milliards d’euros sur les 57 milliards qui sont consacrés à la transition énergétique, qui a et aura des « conséquences sociales économiques et politiques majeures ». Pour le Secrétaire général pour l’investissement, outre l’innovation, l’autre enjeu majeur est « l’introduction dans la vie quotidienne de Français » de cette thématique.
La transition énergétique est également largement présente dans les autres programmes du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) que sont les Programmes d’investissements d’avenir (PIA), créés en 2009 et ayant déjà distribué 47 milliards d’euros, ou le Plan Juncker et ses 20 milliards d’euros alloués à des projets français.
Le Bâtiment, l’axe principal du Grand plan d’investissement
Avec neuf milliards d’euros affectés à l’efficacité énergétique, soit 15 % de l’enveloppe totale, le Bâtiment est le plus gros poste de dépense du GPI. Parmi ces neuf milliards, cinq seront consacrés spécifiquement au traitement des passoires thermiques qui sont « un vrai challenge » pour l’Etat qui vise un rythme annuel 75 000 rénovations par an. Concernant le Bâtiment, les autres grands axes de l’effort de l’Etat seront consacrés à la rénovation des bâtiments publics, en particulier les « grandes cités administratives », et des habitation à loyer modéré (HLM).
Toutefois, les autres principaux secteurs émetteurs que sont la Mobilité et l’Energie ne sont pas oubliés par le GPI, ainsi des crédits sont destinés au remplacement des véhicules polluants (objectif 500 000 en cinq ans) ou à la production d’énergies renouvelables (sept milliards d’euros sur cinq ans).
Information et évaluation, les deux sujets au cœur des discussions
Des nombreuses questions posées au Secrétaire général pour l’investissement, on a pu clairement distinguer deux sujets plébiscités. Le premier d’entre eux concerne l’information : plusieurs participants, tant des particuliers que des professionnels, ont fait remarquer que les dispositifs liés à la rénovation des bâtiments souffraient d’un manque de visibilité. Cette insuffisance d’information a aussi été confirmée par un entrepreneur du secteur photovoltaïque, l’obtention d’hypothétiques financements nécessite des ressources en temps et en argent considérables. En réponse à ces questions, Guillaume Boudy a rappelé que le rôle d’information était dévolu aux agences de l’Etat et aux collectivités territoriales. En effet, les effectifs du SGPI ne lui permettraient pas d’assumer cette tâche. Toutefois, il participe à la co-construction des grands programmes avec les ministères, dans ce cadre il élabore les cahiers des charges et impacte de ce fait la communication autour des différents dispositions.
Concernant l’autre sujet phare qu’est l’évaluation, Guillaume Boudy a rappelé que le secrétariat général avait mis en place plusieurs mécanismes afin de vérifier la viabilité des investissements. Ainsi, les 13 comités de pilotage du GPI sont « tous installés » depuis le mois de juin, ils auront la charge de vérifier la bonne allocation des ressources. De plus, chaque année, ce sera 3 % de l’enveloppe totale qui sera réattribuée, ce qui permet de renforcer « l’agilité » des investissements.
Les Mots du Présidents
Au cours de sa conclusion, le Président Brice Lalonde a souligné toute l’importance de la fonction occupée par Guillaume Boudy qui est « un peu le Premier ministre bis » , il a salué la passion et la curiosité du Secrétaire général sur les questions relatives à la transition énergétique. De plus, Brice Lalonde a réaffirmé la volonté d’EdEn de rester en relation avec le SGPI, notre association continuera à communiquer ses travaux et ses recommandations en faveur d’investissements raisonnés pour la transition énergétique.
Ce qu’en pense EdEn
Pour EdEn, les moyens mis en œuvre par la France dans la lutte contre le dérèglement climatique sont en mesure de permettre une décarbonation réelle de l’économie. Si l’argent est présent en quantité suffisante, se pose alors la question du choix des investissements à financer et de leur suivi. Notre association déplore que dans de nombreux cas, l’allocation des ressources n’est pas optimale, comme par exemple dans le Bâtiment où la réglementation incite le consommateur à se tourner vers des solutions avec un impact climatique conséquent. C’est pourquoi EdEn préconise que le rapport coût de tonne de CO2 évitée / prix soit au centre des critères de sélection et d’évaluation.