Lors de la COP 23 de Bonn, des scientifiques avaient émis une première alerte : après plusieurs baisses consécutives, les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial remontaient en 2017. Qu’en était-il des performances françaises dans ce domaine ? Le lundi 22 janvier 2018, au cours de ses vœux à la presse le Ministre de la Transition écologique et solidaire a apporté la réponse à cette question.
« Après deux ans de stabilité, les émissions mondiales de CO2 repartent à la hausse. C’est aussi le cas en France, pour 2015 et 2016, et cela ne nous laisse aucun répit », c’est par ces mots que Nicolas Hulot a dévoilé que les émissions de gaz à effet de serre avaient augmenté entre 2015 et 2016, passant ainsi de 445 millions de tonnes équivalent CO2[1] à 463 millions de tonnes équivalent CO2.
Par voie de conséquence, la France se retrouve en dehors des clous de la Stratégie Nationale Bas-Carbone – SNBC – qu’elle avait atteinte de justesse au cours de l’année 2015, et cela au moment même où notre pays entend assumer un leadership mondial sur la question climatique.
La Stratégie Nationale Bas-Carbone, éléments d’explication
La loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2017 avait entériné l’objectif de la France de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre – Facteur 4 – par rapport au niveau de 1990 d’ici 2050. Afin de définir une trajectoire adéquate, le Conseil national de la transition écologique avait organisé une grande consultation des différents acteurs du monde de l’énergie qui avait abouti au décret du 18 novembre définissant les budgets carbone pour les années à venir.
Pour plus d’informations, consultez le site internet de la SNBC
Un retard prévisible
Si on regroupe les émissions des différents secteurs : Agriculture ; Bâtiment ; Déchets ; Industrie ; Production d’énergie ; Transports ; on constate que les budgets carbone alloués par la SNBC ont été dépassés de 3,6 % en 2016. Pour notre association, cet état de fait était malheureusement prévisible, en effet les diverses études produites par notre Comité scientifique, économique, environnemental, et sociétal démontraient une stagnation inquiétante de la baisse des émissions de CO2. C’est une des raisons pour lesquelles notre Président Brice Lalonde a rappelé très récemment notre conviction profonde : « le climat est la priorité, par conséquent il faut impérativement porter l’effort sur la réduction massive des émissions de CO2 ». Ainsi nous proposons plusieurs « recommandations pour une économie décarbonée » aux pouvoirs publics, celles-ci portent principalement sur le Bâtiment et les Transports, deux secteurs ayant dépassé les budgets carbone et sur lesquels il faudra porter principalement l’effort dans les mois et années à venir.
Retrouvez les proposition d’EdEn – Transition énergétique : Les recommandations d’EdEn pour une économie décarbonée
[1] L’« équivalent CO2 » (eq CO2 ou CO2 eq en anglais) est une unité créée par le GIEC pour comparer les impacts de ces différents GES en matière de réchauffement climatique et pouvoir cumuler leurs émissions. Source : Gaz à effet de serre : qu’est-ce que l’« équivalent CO2 » ?