Pour savoir comment optimiser la gestion des énergies dans les bâtiments, l’association EdEn a eu le plaisir de recevoir le président d’Eiffage Énergie, Frédéric Carmillet, mardi 26 janvier 2016 lors de ce premier atelier-débat de l’année.
Ce quadra talentueux est venu partager avec nous les différentes solutions mises en œuvre par son Groupe pour réduire les dépenses énergétiques dans le secteur du bâtiment. Monsieur Carmillet a souvent cité des outils pour optimiser la mesure des consommations, comme les solutions à l’échelle d’un eco-quartier afin de répondre à la Loi pour la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) promulguée en aout dernier, qui fixe un objectif très ambitieux : « réduire la consommation énergétique finale dans le bâtiment de 50% en 2050 par rapport à 2012 ».
Depuis que la RT2012 est en vigueur, les professionnels savent que la construction neuve ne permettra pas d’atteindre cet objectif. Il faut donc agir vite sur la rénovation du parc existant.
Bien sûr les entreprises ont aussi un rôle pédagogique vis à vis du public. Eiffage Énergie démontre sa créativité en proposant des programmes ludiques dans les lycées pour sensibiliser les plus jeunes. Les étudiants participent à des jeux-concours et un challenge de réduction des consommations est organisé.
A quelle échelle intervenir ?
Bâtiment, quartier, territoire, il est important de déterminer la bonne taille d’intervention. Pour Frédéric Carmillet, « une part importante de l’optimisation des consommations d’énergie se joue au niveau du quartier. A cette échelle, des mutualisations d’usage sont possibles, moins au niveau de bâtiments, souvent mono-usage. D’où l’importance grandissante à accorder aux projets d’éco-quartier ».
Dès lors, il apparaît cohérent de partir de cette échelle en proposant des solutions pour chaque strate jusqu’à l’habitation individuelle.
Comment rendre les bâtiments intelligents ?
Les Réglementations Thermiques (2005, 2012) permettent la construction de bâtiments énergétiquement performants. Pour autant, la construction neuve ne permettra pas à elle seule d’atteindre les objectifs cités ci-dessus, ce qui nécessite un travail de fond sur le parc existant.
Sur ce dernier, plusieurs solutions complémentaires sont à étudier :
- Rénover en travaillant sur l’enveloppe, mais cela coûte cher et n’est pas toujours faisable ;
- Optimiser l’utilisation et le fonctionnement du bâtiment pour réduire ses consommations
(y compris en travaillant sur les comportements).
C’est sur ce dernier point que le champ des possibles est le plus vaste, et qu’une entreprise comme Eiffage Énergie a le plus de solutions à apporter. Selon Frédéric Carmillet : « en optimisant les 20% des bâtiments les plus énergivores, la France réaliserait plus d’économies d’énergie qu’en renforçant encore la réglementation thermique pour la construction neuve. Le surcoût marginal pour le neuf est de moins en moins rentable ».
Eiffage Énergie contribue à cette optimisation en transformant des bâtiments existants en bâtiments intelligents, en centralisant et pilotant les consommations. A titre d’exemple, grâce à l’installation de solutions techniques simples et de faibles coûts, il est possible de disposer d’un système de relève des consommations. Cela permet certes la collecte des données, mais surtout leur analyse et l’identification d’actions à mener pour économiser les dépenses énergétiques (sur le bâtiment, ses usages et sur les comportements.
Eiffage Énergie mène également une veille constante pour conseiller ses clients sur l’évolution des technologies, des règlementations et des possibilités de financements en matière de transition énergétique. Une proactivité indispensable pour proposer notamment des solutions innovantes en matière de renouvellement d’équipements en exploitation courante.
Mener une action volontaire de sensibilisation du consom’acteur :
Parce que la réduction des consommations passe également par la modification des comportements des usagers, Eiffage Énergie va plus loin en proposant des solutions de management de l’énergie. L’enjeu est d’améliorer la connaissance des consommations pour les inciter à les optimiser.
Les arguments environnementaux et économiques sont des leviers essentiels de cette implication.
Sur ce principe, Eiffage Énergie a par exemple mis en place des programmes ludiques dans les lycées pour sensibiliser les plus jeunes. Les étudiants participent à des jeux-concours et un challenge de réduction des consommations est organisé entre les différents établissements scolaires.
Trouver des pistes de financement
Enfin, Frédéric Carmillet a répondu à la délicate question du financement. S’il est aisément possible de réaliser en moyenne 20% d’économie d’énergie dans un bâtiment, la question du financement des travaux et du temps de retour sur investissement reste un point majeur à régler pour faire émerger les projets. Pour autant, des solutions de financement privé existent et ont fait la preuve de leur efficacité économique. En effet, les travaux nécessitent une mise de départ et le retour sur investissement est souvent long.
Les Contrats de Performance Énergétique (CPE) apportent par exemple une réponse efficace à cette problématique pour les opérateurs publics. Issus du droit Communautaire, ils sont conclus entre des opérateurs professionnels du bâtiment et des consommateurs finaux.
La loi « Grenelle I » identifie le CPE comme un outil pouvant utilement concourir à atteindre l’objectif de réduction d’au moins 40 % des consommations d’énergie des bâtiments de l’État et de ses établissements publics d’ici 2020. Pour autant, le recours à ce dispositif reste marginal. Le secteur public n’est d’ailleurs pas exemplaire dans ce domaine puisque les appels d’offres des collectivités territoriales restent faibles, alors que celles-ci bénéficient d’une aide dans la mise en œuvre des CPE, et que les premiers CPE sont des succès.
Frédéric Carmillet nous a présenté des exemples concrets de réalisations comme le CPE passé avec le Conseil Régional du Centre pour ses Lycées, ou le MPE passé avec la commune de Mantes-la-Jolie pour l’éclairage public (« L’objectif est de réduire la consommation électrique de 40 %, grâce à un éclairage intelligent capable de s’adapter en permanence à l’environnement »). Un autre exemple d’actualité, Eiffage, au travers d’Eiffage Concessions, vient de signer un contrat d’une durée de 25 ans en partenariat public-privé pour le financement, la conception-construction, l’exploitation et la maintenance de deux nouveaux bâtiments pour le pôle Biologie Santé de l’Université de Lorraine sur le site de Brabois-Santé à Vandoeuvre-lès-Nancy pour un investissement de 43,7 millions d’euros.
La Caisse des dépôts fête son bicentenaire en présence du Président François Hollande qui veut étendre sa mission à celle d’un opérateur de la transition écologique et énergétique. Ainsi, la vieille institution créée par le ministre des finances de Louis XVIII deviendrait la « Caisse des dépôts et du développement durable ». Pour que ce voeu ne soit pas pieux, il y aura une attribution de €1,5 milliard sous forme de prêts pour la rénovation thermique des bâtiments publics, afin de diminuer aussi les émissions de CO2.
Quel coût pour l’énergie ?
« Pour les professionnels, le faible coût des énergies en France est un atout compétitif fondamental qu’il faut absolument préserver, mais il n’incite pas les particuliers à réduire leurs consommations ». Les présidents Jean Bergougnoux, puis Serge Lepeltier ont souligné l’opportunité urgente de créer une taxe carbone durant cette période d’énergie bon marché!
Biographie :
Frédéric Carmillet a 40 ans, X-Pont 1996, Président d’Eiffage Énergie depuis octobre 2015 et membre du Comité exécutif d’Eiffage. Entré dans le Groupe en 2007, il occupe différents postes au sein des branches Concessions, Construction et Travaux Publics avant d’être nommé en 2010, Directeur régional Nord d’Eiffage Énergie. En 2013, il devient Directeur général adjoint de Clemessy, avant d’être promu Directeur général régions France d’Eiffage Énergie, puis Directeur général d’Eiffage Énergie.