Face au défi du réchauffement climatique, le secteur aérien est à la recherche de solutions pour décarboner l’ensemble de ses activités. À ce titre, la réduction des émissions de CO2 associées à l’accueil du public et des agents est un enjeu majeur pour les exploitants aéroportuaires.
Quatrième aéroport français, en 2020, Lyon-Saint-Exupéry a accueilli 12 millions de passagers et comptait plus 450 employés, soit autant de personnes qui ont été amenées à utiliser ses infrastructures, notamment pour rejoindre ou quitter l’aéroport.
Dans ce contexte, le concessionnaire-exploitant VINCI Airports a lancé, en 2018, un concours en conception-réalisation pour la construction d’une extension de 2 000 places d’un de ses parkings, notamment afin de pouvoir héberger les véhicules électriques dans les meilleures conditions. Lauréat du concours, le groupement d’entreprises composé de FONTANEL et d’EGA, deux PME lyonnaises, s’est associé avec plusieurs entreprises1 pour mener à bien ce projet pour un budget de 22 millions d’euros hors taxe.
Accueillir la mobilité en limitant l’empreinte au sol : six fois plus de véhicules sur un même espace
L’aéroport Lyon-Saint-Exupéry a fixé des objectifs ambitieux : optimisation énergétique, avec des équipements faibles en consommation et à durée de vie longue, problématique de l’infiltration des eaux pluviales, gestion des déchets liés au chantier. Autant d’aspects dont la réalisation est nécessaire à l’obtention de la certification Haute Qualité Environnementale (HQE) Infrastructures.
Dans l’optique de réduire l’artificialisation des sols, la construction « en silo » sur sept niveaux (rezde- chaussée plus six étages), gage d’une économie d’espace optimale, a été choisie afin de réduire l’emprise de cette nouvelle structure implantée sur celle d’un ancien parking de seulement 300 places, soit un gain total de près de 1 700 places, sans s’étendre sur les terrains agricoles adjacents.
Un parking à énergie positive
Le projet a fait le choix d’intégrer une centrale photovoltaïque afin de faire de ce parking un bâtiment à énergie positive. Il produira plus d’énergie qu’il n’en consommera et fonctionnera en autoconsommation, le surplus de production étant réinjecté dans la boucle haute tension automatisée (HTA) de l’aéroport et donc consommé par les autres infrastructures présentes sur la plate-forme.
L’alimentation de l’ensemble est issue d’un poste de transformation d’une puissance de 1 000 kVA intégré sur une boucle HTA. Les équipements cellules haute tension, les disjoncteurs généraux basse tension (BT), les centrales de mesures, le disjoncteur groupe électrogène ainsi que les chargeurs 48 Vcc sont tous surveillés et pilotés par une gestion technique centralisée.
Le générateur photovoltaïque a été installé parallèlement à la pente des deux toitures, soit est et ouest, avec une inclinaison de l’ordre de six degrés et une surface couverte de l’ordre de 5 700 m².
Près de 3 000 panneaux sont posés en paysages sur la couverture bac acier grâce à une structure rails aluminium et platines inox. Cette ossature est reprise dans la structure du bâtiment avec descentes de charges sur les pannes de la charpente. Le courant continu généré par 144 chaines de panneaux est transformé et synchronisé en courant alternatif à travers huit onduleurs triphasés. Une supervision sur le cloud permet à l’utilisateur la visualisation et l’archivage des données de production.
La conception du générateur photovoltaïque et le choix des panneaux ont fait l’objet d’une étude poussée afin de valider les prérequis imposés par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) en zone aéroportuaire : absence d’impact visuel de tous ordres, réverbération, éblouissement, etc. Ils ont conduit à choisir des panneaux de 340 Wc pour une puissance totale installée de 960 kWc et une production annuelle prévisionnelle de l’ordre de 1 050 MWh.
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Des usages intelligents de l’électricité : électromobilité et sécurité
Parler de production d’énergie, d’autoconsommation sans réfléchir à l’optimisation des installations et de l’exploitation énergétique du bâtiment serait un non-sens !
En premier lieu, les véhicules électriques font partie intégrante des réflexions menées pour inscrire ce nouveau parc de stationnement dans son époque. 21 postes de charge ont été installés à la livraison, en ménageant l’avenir pour pouvoir étendre l’accueil des véhicules électriques et garantir leur bonne charge sur deux niveaux soit 400 places. Ces bornes « connectées » sont supervisées et équipées d’un système de gestion de charge. Les consignes de charge respectent des stratégies d’optimisation pouvant intégrer des contraintes externes telles que la production de photovoltaïque ou la durée de réservation de la place de parking.
De plus, l’architecture optimise fortement la présence de la lumière naturelle tout en évitant ses inconvénients (rampe ouverte pour l’apport de lumière et façades maillées). Le matériel d’éclairage a également été choisi afin de s’assurer de la maîtrise des consommations électriques et des coûts d’exploitation et de maintenance. Tous les luminaires du parking communiquent en DALI2 afin d’obtenir un système de gestion dynamique, asservissant l’allumage des appareils à la présence, en le régulant au niveau d’éclairement ambiant et en sectorisant l’allumage.
Enfin, un système de guidage, à la place, composé de panneaux de guidage dynamiques, de détecteurs de véhicules sur les places de stationnement, de totems d’entrée est également installé. Celui-ci permet de simplifier le parcours usager, fluidifier le trafic et ainsi limiter les consommations de carburants et rejets de CO2 associés.