En plein examen de la loi énergie-climat et finalisation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la question du mix énergétique futur de la France est au coeurs des débats. Dans ce contexte, quelle sera la place et l’intérêt du gaz dans la décarbonation ? Sera-t-il vert et disponible massivement pour tous les secteurs de l’économie ? Ou a contrario, sera-t-il encore fortement carboné et sa partie disponible en quantité limitée et utilisée dans les secteurs où il est le plus pertinent ? Le Président de notre Comité scientifique Jean-Pierre Hauet traite de cette question dans le numéro de juillet 2019 des Annales des Mines intitulé “Quel équilibre futur pour l’offre et la demande d’énergie ?”.
Le gaz naturel a joué un rôle essentiel dans le développement économique de notre pays. Les installations en place, en particulier les réseaux, constituent un actif dont la valeur est considérable. Mais les orientations nouvelles de la politique énergétique visant à atteindre la neutralité carbone dès 2050 posent un problème majeur à l’industrie du gaz.
Le problème de la France se pose de façon très différente de celui rencontré au niveau international, où, dans de nombreux pays, le gaz apparaît comme une voie privilégiée pour remplacer le charbon, dans la production d’électricité tout particulièrement. Ce n’est pas le cas en France du fait du niveau de développement atteint par le nucléaire et bientôt par les énergies renouvelables.
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Le gaz, bien qu’il soit une énergie peu polluante, est une énergie carbonée, dont le maintien en l’état serait incompatible avec l’atteinte de la neutralité carbone, en particulier dans le secteur résidentiel et tertiaire qui représente 65 % de son marché des utilisations finales. On notera que la Grande Bretagne, après les Pays-Bas, vient d’annoncer que le chauffage au gaz des bâtiments neufs sera interdit au-delà de 2025.
En France, le gaz doit se réinventer un modèle d’affaires, dont les contours précis restent à définir et donnent aujourd’hui lieu à débat. Il s’agit en effet de déterminer les ressources décarbonées, dites de gaz renouvelables, qui pourront être à l’avenir mobilisées dans des conditions économiques acceptables, et d’identifier les secteurs vers lesquels ces ressources pourront être orientées en priorité.
Dans cet article, nous donnerons quelques orientations sur ce point, tout en soulignant que l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone dès 2050 est excessivement prégnante. L’énergie est une affaire de temps long, l’appareil gazier doit donc avoir le temps de s’adapter et de préparer des solutions qui pourront se développer au cours de la deuxième partie du siècle, l’hydrogène et le captage/stockage/utilisation du CO2, notamment.
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