Dimanche 26 mai se sont tenues en France les élections européennes qui ont déterminé le visage du Parlement de Bruxelles pour la mandature 2019-2024. Les enjeux énergétiques et climatiques ont eu la part belle durant la campagne, chaque parti se vantant d’être plus “vert” que son voisin. Maintenant que la campagne est finie et que les députés sont élus, la question se pose : que restera-t-il de ces belles promesses de décarbonation accélérée et d’élimination des énergies fossiles ?
Le premier élément à prendre en considération est que cette édition 2019 des élections européennes est indéniablement celle de la “Green Wave” : à l’échelle de la France comme à l’échelle européenne les partis écologistes ont bénéficié d’une nette montée en puissance. En France, le parti Europe Ecologie les Verts qui s’était attiré 8,9% des suffrages en 2014 en remporte cette année 13,47% ce qui lui permettra de placer 12 députés au Parlement Européen et de s’affirmer comme la 3e délégation française à Bruxelles. A l’échelle européenne la même dynamique s’observe : le groupe des Verts (the Greens/EFA) devrait passer de 52 à 70 députés devenant ainsi le 4e groupe du Parlement européen alors qu’il se plaçait 6e jusqu’à présent (voir la plateforme de comparaison des résultats du Parlement européen).
Le deuxième élément à souligner c’est l’arrivée au Parlement de la liste Renaissance du parti LaREM. Avec 21 puis 23 élus (après le Brexit) siégeant au Parlement, la délégation menée par Nathalie Loiseau sera indubitablement une des forces avec lesquelles il faudra compter à Bruxelles. D’autant que si LaREM rejoint le groupe centriste ALDE – ou si à l’inverse l’ALDE rejoint un hypothétique nouveau groupe Renaissance – ce groupe se trouverait propulsé à la 3e place des groupes européens avec 107 députés et le parti français y représenterait alors la plus importante délégation nationale. Une position stratégique précieuse qui donnerait à LaREM une marge de manoeuvre conséquente pour travailler à la réalisation de ses engagements de campagne, au premier rang desquels figure l’urgence climatique. Nul doute néanmoins que, contrairement aux députés EELV, les députés LaREM devront être régulièrement remis face à leurs engagements environnementaux par les parties prenantes afin que ceux-ci ne se fondent pas progressivement dans le second plan.
Au vu du résultat de ces élections, il est acquis que l’urgence climatique sera une préoccupation majeure du Parlement européen dans la prochaine mandature. Il en aurait de toute façon été ainsi puisque la Commission avait dores et déjà indiqué que les enjeux climatiques feraient partie de ses priorités pour les années à venir. Le doute qui persiste à présent n’est pas de savoir si les questions climatiques seront traitées mais comment elles seront traitées. En matière de climat, il est tentant de revêtir un habit de chevalier blanc et de se lancer dans des batailles d’idées mais c’est la capacité des eurodéputés à faire des choix réalistes qui sera déterminant pour le succès – ou l’échec – de l’UE dans l’atteinte de ses objectifs climatiques. Il n’y a ni solution parfaite, ni solution facile pour atteindre la neutralité carbone et l’élimination des énergies fossiles d’ici à 2050.
De quelles énergies disposons-nous et à quel coût, environnemental et économique, peuvent-elles être déployées ? Quels seront les investissements nécessaires pour que l’Union Européenne réussisse à se développer dans le domaine des technologies propres lorsque d’autres pays comme la Chine se sont lancés dans la course avec bien plus d’élan que nous ? Quels seront les leviers fiscaux qui permettront de taxer les émissions de CO2 sans écraser le pouvoir d’achat des consommateurs ? Des décisions très difficiles attendent les nouveaux eurodéputés afin de donner vie à leurs promesses de campagne et de réaliser la transition énergétique pour laquelle les citoyens européens ont voté.
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