Le 16 mars dernier, France Inter diffusait son émission « Co2 mon amour » abordant les différents impacts de la transition énergétique sur l’économie et la société. Des impacts qu’il faut corriger avant l’été pour que nous cessions de construire depuis deux ans une majorité de bâtiments collectifs équipés de chaudières à gaz, alors que nous allons basculer sur des énergies électriques en provenance du photovoltaïque ou de l’éolien.
L’animateur Denis Cheissous avait pour invités Alain Maugard (ex-PDG du CSTB et actuel président de QUALIBAT), Pierre Rodanne (ex-président de la dette et actuel président de l’association 4D), Didier Beny (directeur RTE Ouest) et Michel Derdevet (secrétaire général et membre du directoire ERDF).
Plusieurs points forts sont ressortis de cette discussion entre les différents intervenants.
La balance commerciale plombée par les énergies fossiles
Denis Cheissous cite à plusieurs reprises Jeremy Rifkin, un futurologue américain aux idées tranchées sur la transition énergétique. La crise économique a pris naissance en 2008 avec les faillites des banques américaines mais aussi après l’augmentation brutale du pétrole. Celui-ci a donc soulevé à plusieurs reprises la dépendance de notre civilisation pour ces énergies fossiles.
La France aurait investi 70 milliards d’euros l’année dernière dans ces énergies. Allons-nous continuer à dépenser une telle somme chaque année jusqu’en 2050 et multiplier notre déficit ? Il faudra jusque là avoir divisé nos émissions de gaz à effet de serre par 4. Il va cependant falloir agir rapidement pour atteindre cet objectif.
D’après nos intervenants, il faut investir intelligemment, nos dépenses énergétiques ayant un impact majeur dans notre crise économique. Si nous avons perdu beaucoup d’industries ces dernières années, nous avons encore la main sur l’énergie. L’industrie doit continuer à consommer d’avantage d’énergies « distribuées » comme le vent, le soleil et l’eau qui sont partout, et diminuer sa consommation d’énergies « élitistes » comme le charbon, le gaz et le pétrole de plus en plus rares…
Le réseau doit s’adapter aux énergies renouvelables
Pour pouvoir augmenter notre consommation d’énergies renouvelables, il est essentiel d’adapter dès maintenant le réseau afin d’accompagner leur développement avec le vecteur électrique.
Pour Jeremy Rifkin, si chaque bâtiment devient producteur d’énergie, il doit pouvoir redistribuer ce qu’il ne consomme pas sur les lieux de consommation. Cette gestion optimisée n’est possible qu’avec le vecteur électrique. L’énergie doit se démocratiser comme l’information a été démocratisée avec Internet. Une comparaison que nous avions déjà faite lors des débats de Lyon en juin dernier.
Les smartgrids apportent souplesse et adaptabilité, nécessaires aux énergies renouvelables. Il est possible d’envisager dans l’avenir des smartgrids à l’échelle d’un quartier ou même d’une ville entière !
Le citoyen devra s’impliquer d’avantage
Un avis partagé par les différents invités de France Inter. D’après ces derniers, nous avons déjà les moyens techniques de décentraliser.
Pour Alain Maugard, il s’agit d’ailleurs d’une vision du bâtiment tout à fait en cohérence avec le principe de l’énergie positive imposée par le nouveau label BEPOS.
Cependant, il faudra tout d’abord que nous diminuions notre consommation pour pouvoir accorder la production et la demande. Les EnR placent l’utilisateur dans un double positionnement : il devient producteur et consommateur d’énergie en même temps.
La société tout entière sera donc transformée, et chacun doit se responsabiliser par rapport à la transition énergétique pour chasser les émissions de co2 et favoriser les énergies renouvelables.
Le débat national sur la transition énergétique va rendre ses conclusions au gouvernement cet été afin de rédiger un nouvelle loi pour l’automne! Il est indispensable que la cohérence soit de mise entre les lois et les réglementations thermiques rédigées par l’administration du ministère du développement durable.