Les indicateurs de la transition énergétique virent au rouge. Les émissions à la fin de l’année 2016 sont supérieures à celles prévues par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et les résultats provisoires de l’année 2017 ne sont pas rassurants. Face à cette situation, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a installé le 30 mars 2018, le comité de l’Accélérateur de la transition écologique (AcTe) et a lancé, le 26 avril, le Plan de rénovation énergétique des bâtiments. Dans le sillage de ces annonces, EdEn continue à faire de la réduction des émissions de CO2 la ligne directrice de son action.
Brice Lalonde, président d’EdEn, a réaffirmé, à l’occasion de multiples rendez-vous, la nécessité de remplacer les énergies carbonées par des énergies décarbonées et a proposé différentes mesures pour remettre rapidement les secteurs du bâtiment et de la mobilité dans l’axe de la SNBC. Par ailleurs, rejoignant la volonté de Nicolas Hulot d’inscrire la lutte contre le dérèglement climatique dans la Constitution française, EdEn a proposé de compléter l’article 6 de la Charte de l’environnement, qui a valeur constitutionnelle, afin d’y inscrire le devoir pour les politiques publiques de concourir à la lutte contre le dérèglement climatique.
Bâtiment & Energie, les propositions d’EdEn en direction des pouvoirs publics
Rénover la politique du bâtiment
Dans sa participation à l’élaboration du Plan de rénovation énergétique des bâtiments, EdEn a fait des propositions visant à accélérer la transition énergétique dans le bâtiment où cohabitent exigences environnementales, acceptabilité pour le citoyen et rationalité économique. Du fait de l’émergence de nouvelles technologies et de la nécessité de prendre plus largement en compte les émissions de CO2, il serait pertinent d’engager une réflexion d’ensemble sur les outils réglementaires actuels dont beaucoup ont « fait leur temps ». Malgré les signaux positifs envoyés par la massification de la rénovation des « passoires thermiques », EdEn plaide pour que l’urgence climatique et la neutralité carbone soient davantage prises en compte dans l’action publique. Vouloir contenir les consommations d’énergie est important mais réduire leur bilan en carbone l’est encore plus.
L’autoconsommation : trouver un juste équilibre
EdEn a contribué aux travaux de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur l’autoconsommation. L’association a notamment formulé des propositions quant à la prise en compte de l’autoconsommation dans la structure du Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (TURPE). Pour EdEn, la tarification de l’autoconsommation ne doit pas échapper à la rationalité économique et doit refléter fidèlement la réalité des coûts, actuels et futurs, notamment en ce qui concerne la puissance garantie fournie par le réseau. Sans cette exigence, l’autoconsommation risquerait d’induire des comportements contraires à l’intérêt général et de conduire certains consommateurs à tirer profit de certains avantages tarifaires. C’est à ces conditions que l’autoconsommation sera une réussite pour toutes les parties prenantes.
Pompes à chaleur et hydrofluorocarbures (HFC) : n’allons pas au-delà des prescriptions européennes
En 2014, le Parlement européen a défini une feuille de route pour la réduction progressive mais rapide des quantités de fluides frigorigènes de type HFC mis sur le marché, ces derniers ayant un potentiel de réchauffement planétaire (PRP) élevé. La migration vers des fluides plus neutres sur le plan climatique est bien entamée par les industriels du secteur depuis maintenant quatre ans, conformément aux prescriptions européennes, ce qui a entrainé un renchérissement très important du prix de ces fluides. EdEn est en conséquence très défavorable à l’idée, réapparue en 2018, d’instaurer une nouvelle taxe sur les HFC. Son président, Brice Lalonde, a saisi les ministres concernés, considérant que la sur-transposition d’une directive européenne serait contre-productive à plusieurs titres, notamment sur le développement des pompes à chaleur, dont les circuits sont quasiment hermétiques et qui sont l’un des instruments à privilégier dans la transition énergétique.
Quelle société énergétique pour demain ?
Les premiers mois 2018 ont été placés, pour EdEn, sous le signe de la prospective et c’est dans cette optique que le Comité scientifique, présidé par Jean-Pierre Hauet, a étudié différents aspects de la transition énergétique
– le concept de TEPOS (Territoires à énergie positive), analysé sous l’angle de la décentralisation des infrastructures de production et de distribution ;
– les besoins de flexibilité et de stockage sur les réseaux ;
– la pertinence du scénario gaz 100 % renouvelable en 2050.
Jean Bergougnoux, président d’honneur d’EdEn, a co-présidé les travaux du groupe « Consommateur et société » du Comité de prospective de la CRE. Il y a notamment été abordé l’autoconsommation, à travers l’insertion des énergies renouvelables dans les réseaux, l’évolution de ses règles d’accès et l’efficience des outils digitaux au service des modèles de production d’énergie décentralisée.
Ateliers-Débats d’EdEn : quel climat préparons-nous ?
Dans le cadre des ateliers-débats qu’elle organise chaque mois, EdEn a reçu le président de The Shift Project, Jean-Marc Jancovici, puis les auteurs de l’étude « Le véhicule de la transition écologique en France », Marie Chéron de la Fondation pour la Nature et l’Homme et Abrial Gilbert-d’Halluin de l’European Climate Foundation. Pour Jean-Marc Jancovici, la croissance est structurellement limitée par la contrainte climatique et il faut que la rationalité économique règne en maître dans la conduite de la transition énergétique. Il considère qu’il est primordial de choisir les investissements induisant un coût de la tonne de CO2 évitée le plus faible possible.
L’atelier-débat sur le véhicule électrique a été l’occasion pour les invités d’expliciter les avantages environnementaux attendus du véhicule électrique à l’horizon 2030. Ils ont souligné que ce type de mobilité était bénéfique pour le climat et que ces avantages iraient en s’accentuant à moyen terme. Les conséquences d’un développement à grande échelle d’une flotte de véhicules électriques sur le réseau électrique de demain ont été discutées, notamment dans l’optique d’intégration d’une part importante d’énergies renouvelables intermittentes.
L’atelier-débat avec le climatologue Hervé le Treut et l’économiste Christian de Perthuis a permis de recadrer ces points de vue dans une perspective plus large, incluant une réflexion sur les conséquences et sur les coûts du dérèglement climatique.