Depuis plus de deux années, les professionnels du bâtiment et maintenant les parlementaires ne cessent de contester les incohérences de la RT2012 qui ne cherche que la réduction de la consommation des énergies mais pas des émissions de co2 dans le bâtiment neuf. Pourtant l’administration semble disposée à rattraper cet oubli dans le cadre de la rénovation. Inscrivez-vous à notre débat mardi 28 mai à 14h30!
Selon les chiffres officiels 15 % des foyers français, soit un peu moins de 4 millions de personnes, vivent en situation de précarité énergétique. Pour ces foyers, la facture d’énergie pèse plus de 10% de leurs revenus.
Ainsi que l’a observé M. Denis Merville, le médiateur national de l’énergie, le grand témoin avec Philippe Pelletier, Plan batiment Durable à ce débat du 28 mai, la situation se dégrade avec 14000 litiges enregistrés en 2012! Désormais, près d’une réclamation sur cinq pour impayé concerne des ménages en situation de précarité énergétique. La dette moyenne d’un foyer concernant la facture d’énergie s’élève à 1 900€.
Si ce constat est unanimement partagé, les solutions pour sortir de cette situation resteront insuffisantes et non consensuelles si l’Etat est seul à financer cette solidarité. A cet égard, les dispositifs d’aide au paiement de la facture ne bénéficient qu’à une minorité des ayants droit. En dépit de la réforme visant à automatiser l’attribution de ces tarifs, la Commission de régulation de l’énergie regrette que ceux-ci demeurent encore trop complexes.
Dans un contexte où les prix de l’énergie sont durablement sur une tendance haussière afin de faire face aux adaptations nécessaires de notre outil de production et de nos infrastructures, comment protéger les plus vulnérables ? Comment prévenir l’augmentation de cette précarité? C’est pourquoi il importe de mettre l’accent sur la prévention de la précarité en améliorant le confort thermique de l’habitat et l’efficacité énergétique des appareils de chauffage avec des mesures simples, rapides et peu couteuses.
La rénovation des bâtiments BBC chauffés au gaz dans 20 ans?
La part des logements collectifs dont le chauffage des locaux et de l’eau sanitaire est assurée par l’électricité est passée à seulement 20% en 2012, par la simple application des labels qui anticipaient la nouvelle réglementation 2012. Le remplacement de la chaudière à gaz en 2032 coutera cher aux propriétaires d’aujourd’hui pour équiper le bâtiment avec un chauffage électrogène nourri par le photovoltaïque, l’éolien et l’hydraulique essentiellement. Pourtant, un logement électrique neuf en 2013 offre une efficacité énergétique élevée grâce à un reglage décentralisé, pièce par pièce et à la domotique embarquée pour une baisse d’au moins 30% de la consommation par rapport à celle des vieux convecteurs mécaniques.
Les avantages cachés au public du chauffage électrique:
- une qualité intrinsèque améliorée avec un surcoût d’isolation compensé par le prix limité des radiateurs modernes;
- un coût de fonctionnement inférieur de 35%,
- une facture inférieure de 35 à 40%,
- et 60 à 70% d’émissions de Co2 (directes ou indirectes) en moins.
De plus, n’oublions pas que chaque fois qu’un bâtiment électrique sera construit à la place d’un logement gaz, le déficit de la balance commerciale du pays se verra allégé annuellement d’environ 60% du coût du gaz qu’aurait consommé ce dernier.
Des systèmes électriques performants nécessaires à l’émergence des énergies renouvelables
Si le gouvernement dit vouloir développer d’avantage les EnR, l’environnement réglementaire actuel freine cet essor électrogène.
En effet, rappelez-vous que les énergies renouvelables produisent essentiellement de l’électricité (Hydraulique, Photovoltaique et Eolien). Mais nous l’avons constaté plus haut, la RT2012 favorise les solutions au gaz, carbonées… Des mesures foncièrement incohérentes à la vue des nouveaux objectifs annoncés dernièrement par Mme. Delphine Batho. Pour preuve, face à 30 000 maisons équipées de panneaux photovoltaïques il y a 3 ans, nous sommes passés à 10 000 aujourd’hui!
L’électricité aura pourtant un rôle primordial dans le développement des énergies propres qui nécessitent des systèmes de gestion de l’intermittence du vent ou du soleil. L’utilisation de compteurs « intelligents » permet de réguler uniquement l’électricité, et les solutions performantes nous donnent la possibilité de réduire d’au moins 30% notre consommation d’énergie tout en gardant un niveau de confort attendu.
Rappelons également que l’objectif majeur de ces 20 prochaines années consiste à réduire nos émissions de Gaz à effet de serre en diminuant les émissions de co2 comme l’a encore rappelé l’ONU la semaine dernière.
La prévention de la précarité pourrait mobiliser la société civile
Si l’on considère les prévisions annoncées par les pouvoirs publics, seuls 50000 foyers précaires seront pris en charge chaque année pour retrouver le confort l’hiver. Mais ils ne sortiront pas forcément de la précarité. Les foyers ruraux sont deux fois plus exposés. Ils ne vont meme pas consulter les fameux guichets uniques qui donnent toutes les informations pour obtenir des aides. Il semble que des industriels seraient disposés à prendre en charge une certaine catégorie de travaux légers qui permettraient immédiatement des économies de 15% à plus de 30%. La généralisation du thermostat d’ambiance avec l’usage d’une chaudière à fioul est facile. On devrait observer des interventions qui assurent des changements de classe énergétique de G à F, par exemple. Autant de sujets qui seront échangés le 28 mai à 14H30 au musée Dapper, pres de la place de l’Etoile.
Philippe Pelletier, notre intervenant anime des groupes de travail pour rendre possible le tiers investissement qui doit trouver sa rentabilité sur les économies réelles apres rénovations. De quoi donner du travail aux assureurs comme Claude Delahaye, directeur Construction, Immobilier & Développement durable chez Verspieren : « Dans le cadre des travaux sur la Garantie de Performance Energétique menés au sein du Plan Bâtiment Durable, diverses propositions ont été formulées. Tout d’abord des définitions partagées qui seront destinées à garantir la qualité intrinsèque des bâtiments. Ensuite, la publication d’un guide méthodologique en 60 points et enfin, l’élaboration d’une charte ». Afin d’encadrer légalement le risque de mise en jeu de la garantie décennale – un risque élevé – le groupe de travail a également proposé la création d’un nouvel article dans le Code de Construction et d’Habitation en cas de dommages matériels à l’ouvrage ou aux équipements, pour des surconsommations de l’ordre de 20 % au-delà du seuil. « Il faudra modifier les clauses
De nombreuses normes « improductives »
Dans son article, Alain Lambert, Président du Conseil général de l’Orme et de la Commission Consultative d’Evaluation des Normes, dénonçait sur son blog l’incohérence de certains arrêtés publiés par l’administration. Larreté de la RT2012 avait été contesté à de nombreuses reprises devant le conseil d’Etat, pour son incohérence face à la volonté publique de réduire les émissions de Co2.
MM. Lambert et Jean-Claude Boulard, Maire du Mans, ont donc pour mission de présenter une liste de normes des collectivités territoriales devant être abrogées, dans le cadre de la modernisation de l’action publique… Espérons que leurs regards se portera sur un arrêté publié par l’administration qui semble toujours refuser d’ajouter le coefficient de modulation carbone prévu pour l’électricité comme il l’a été pour le bois…
Vous souhaitez participer à notre débat sur ces sujets inscrivez vous ici pour le 28 mai à 14H30 au musée Dapper, pres de la place de l’Etoile.