Ce mercredi 19 avril, le Président Jean Bergougnoux accueillait M. Ronan Dantec, Sénateur de Loire-Atlantique et membre de l’équipe de campagne de Benoît Hamon (Mission énergie 2025) à l’Atelier-Débat d’EdEn. Durant l’heure et demie d’échanges, le Sénateur EELV a développé les ambitions du candidat Benoît Hamon sur la politique énergétique et environnementale.
Dans son propos introductif, Ronan Dantec a tenu à rappeler que la crise climatique est une « priorité absolue » du programme de Benoît Hamon, car il n’y aura « pas de 21ème siècle sans réponse » à celle-ci.
Par ailleurs, il a salué les progrès effectués lors du mandat de François Hollande, avec l’élaboration d’un cadre législatif qui fournit les outils adaptés pour atteindre les objectifs nécessaires à moyen terme, notamment avec la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte.
Un nouveau paradigme à trouver
Néanmoins, le Sénateur affirme qu’il faut aller plus loin, en dépassant le clivage pro-nucléaires / écologistes qui perdure depuis les années 70, afin de créer un nouveau paradigme qui permettrait de rattraper le retard pris dans le domaine de la transition écologique par rapport à nos voisins allemands.
Cette stratégie passe par une intégration européenne accrue, via un traité sur l’énergie avec l’Allemagne, qui inclurait une baisse conjointe de la part du nucléaire en France et du charbon en Allemagne. Cet accord entraînerait les autres pays de l’Union Européenne dans le sillage du couple franco-allemand et serait une première pierre à l’édifice, avant la création d’« Airbus des EnR».
Nécessitant une vision énergétique ambitieuse
Pour l’élu, une vision énergétique ambitieuse ne peut être possible qu’avec un système cohérent, où selon lui, l’électricité décarbonée resterait un élément majeur.
Dans cette optique, il part du principe que les capacités de production sont suffisantes, bien qu’il faille les rendre plus propres, en intégrant de plus en plus d’EnR dans le mix énergétique. L’effort doit être, en réalité, porté sur la réduction de la consommation.
D’abord en maintenant un prix de l’électricité décarbonée (taxe carbone pénalisant les énergies fossiles) relativement élevé qui permet :
- Aux industriels et aux professionnels d’avoir la rentabilité nécessaire pour engager des programmes de R&D (solutions propres et intelligentes) qui feront baisser les dépenses énergétiques à moyen et long terme ;
- Aux consommateurs d’être incités à investir dans des équipements modernes qui réduisent leurs consommations. Cependant, pour ne pas pénaliser les ménages les plus modestes, le principe du chèque énergie sera maintenu.
En outre, ce système s’appuie en grande partie sur le principe de la « territorialité », avec production locale d’énergie propre. Cependant, pour que cette production à petite échelle soit viable, de nombreux investissements sont nécessaires pour parfaire les technologies de stockage. Ainsi, l’énergie accumulée pendant les périodes fastes serait réutilisable pendant les périodes creuses. Par ailleurs, des investissements sont aussi à effectuer dans la distribution pour diminuer la déperdition d’énergie. Toutefois, la « territorialité » ne mettra pas un terme à la péréquation tarifaire1, les Français, qu’ils produisent ou non de l’énergie, payeront l’électricité à un tarif sensiblement équivalent.
1 Fait que les différents consommateurs payent l’électricité au même prix
Conclusion des échanges
Comme il est de coutume, le Président Bergougnoux a conclu les débats en affirmant son accord avec Ronan Dantec sur le « grand avenir » du vecteur électrique.
Il s’est félicité de voir au centre des considérations de l’invité et du candidat Benoît Hamon, les thématiques autour du stockage, de la rénovation de l’habitat et de la distribution des EnR, en particulier celles issues de la production locale. Ces sujets sont parfaitement en accord avec les problématiques d’EdEn qui œuvre au développement de technologies propres et intelligentes pour répondre au défi que représente la crise climatique.
Néanmoins, il a émis quelques réserves sur la faisabilité du projet présenté à l’Atelier-Débat. Premièrement au niveau de la communication : en effet, il est difficile de faire comprendre aux consommateurs qu’ils doivent payer « cher » l’électricité uniquement consolider la rentabilité des industriels. Il reconnait toutefois la logique de Ronan Dantec qui prend en compte la mission de « service public » que délivre une entreprise comme EDF. De plus, la temporalité peut poser un problème : le niveau actuel des solutions et de la R&D ne semble pas satisfaisant pour répondre aux enjeux de la territorialité développée à grande échelle, particulièrement sur la question du stockage inter-saisonnier.
En savoir plus : Jean Bergougnoux nous éclaire sur les incohérences de la politique énergétique française à travers la RT 2012