Notre atelier sur le développement des EnR en France, le 16 avril a permis d’établir un vrai débat entre nos invités et Monsieur Jean-Louis BAL, Président du Syndicat des Énergies Renouvelables.
Les échanges entre les Présidents, Jean-Louis Bal, Serge Lepeltier et Jean Bergougnoux ont permis de faire émerger un grand nombre de points d’accord entre les deux associations.
A cet égard, Jean-Louis Bal annonce que le SER rejoint l’association EdEn, qui milite en faveur d’un mix-énergétique décarboné des énergies. De son côté, Serge Lepeltier annonce qu’Eden rejoint également le SER.
« En renforçant notre partenariat avec Equilibre des Energies nous confirmons que nos objectifs convergent : réduire les émissions de CO2 en s’appuyant sur le développement des énergies renouvelables. Pour construire le renouveau énergétique, il est essentiel que l’ensemble des différents acteurs se regroupe et échange pour aboutir à un consensus. Forts de nos expériences terrain, je suis persuadé que ce rapprochement entre le SER et EdEn, nous permettra d’être force de propositions pour répondre aux nouveaux enjeux et usages en matière de transition énergétique. » Jean-Louis Bal, Président du SER.
De nouveau examiné depuis le début de la semaine par une Commission spéciale de l’Assemblée nationale, le Projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte (PLTECV) porte en lui l’ambition de la France de servir d’exemple à l’international en matière de gestion des problématiques énergétiques et environnementales.
Cette ambition s’illustre notamment par des objectifs de développement des EnR à horizon 2020 et 2030 supérieurs à ceux fixés en la matière par l’Union Européenne (UE) dans les paquets Energie-Climat (2020, 2030) : l’article premier du Projet de loi prévoit ainsi que la part des EnR devra être portée à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 (contre 20% au niveau européen) et à 32 % en 2030 (contre 27% au niveau européen). Plus précisément, d’ici 2030, les EnR devront représenter en France, 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburants et 10 % de la consommation de gaz.
Les priorités pour favoriser l’intégration des EnR dans les systèmes électriques selon le SER et EdEn :
- Equilibre des Energies et le SER confirment que la réduction des émissions de CO2 doit rester la priorité de la prochaine loi sur la Transition énergétique. Ceci passant notamment par le développement des EnR.
- Définir un (véritable) prix du CO2 est un axe fondamental. Aujourd’hui entre 3 et 4 euros, le prix de la tonne de CO2 est totalement insignifiant. D’ailleurs, on constate en Europe que les émissions de CO2 augmentent dans les systèmes électriques malgré une augmentation de la part des EnR. Il est donc urgent de revaloriser le coût du CO2 qui permettra de privilégier le gaz plutôt que le charbon sachant que le gaz émet deux fois moins de CO2 que le charbon, tout en offrant une plus grande flexibilité pour gérer les aléas des énergies variables.
- Un minimum de 30 voire 50 euros la tonne de CO2 semble être nécessaire pour agir efficacement sur les émissions de CO2 et encourager de manière compétitive le développement des EnR.
- Préparer et développer les technologies des capacités de stockage :
Au-delà de 2020, le système électrique est capable de gérer la variabilité des EnR en développant les interconnexions régionales et européennes
- à court terme (quelques heures), avec le développement de l’effacement et des compteurs intelligents,
- à moyen terme (quelques semaines), avec les STEP ; Station de transfert d’énergie par pompage,
- à long terme (inter saisonnier), avec le “Power to Gas” ; stockage de la surproduction des énergies renouvelables grâce à leur transformation en hydrogène ou en méthane de synthèse.
- Encourager l’autoconsommation collective au niveau des ilots ou des agglomérations notamment.
- Développer les transports électriques et les réseaux de chaleur dans lesquels la France dispose encore de larges marges de progrès. Intégrer les transports électriques à la gestion du système électrique en organisant les heures de recharge des véhicules et en déplaçant les consommations avec l’application de « tarifs intelligents »
Position de l’association Equilibre des Energies sur les EnR
« La question de savoir si l’on doit investir dans les ENR ne se pose pas. La problématique est de déterminer la meilleure façon d’accompagner la montée en puissance de ces nouvelles sources d’énergies », Serge Lepeltier, président d’EdEn.
- Lutter contre les émissions de gaz à effet de serre : Indépendamment des décisions qui seront prises par le Gouvernement en matière de nucléaire, il est impératif de maintenir et de promouvoir les moyens de production d’électricité décarbonée.
Dans le Projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, il est envisagé de baisser la part du nucléaire à 50% de la production énergétique. Dans ce cadre, Equilibre des Energies milite pour qu’une telle décision n’entraine pas une augmentation de l’utilisation des énergies fossiles. Dès lors nous recommandons de porter la production d’électricité d’origine ENR à 40% du mix énergétique, répartie entre :
- une partie d’origine hydroélectrique (existante) ;
- une partie d’origine thermique ;
- une partie d’origine éolienne et photovoltaïque.
- Réviser le coefficient 2.58 : Une telle révision du mix énergétique conduirait mécaniquement à une évolution importante du coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire, qui serait voisin de 2.0, contre 2.58 actuellement. Ce coefficient a été défini en France des les années 1970, après le premier choc pétrolier, alors que les EnR ne représentaient qu’une faible part du mix énergétique. Il n’a jamais été révisé depuis !
« EdEn milite pour le développement des logements électriques, afin de disposer d’une consommation domestique permettant de réguler la production intermittente des EnR »,
Jean Bergougnoux, président d’honneur d’EdEn
- Mettre en place les outils de régulation nécessaires au développement des EnR : La production électrique d’origine renouvelable est intermittente, en particulier quand il s’agit de photovoltaïque ou d’éolien. Elle nécessite donc une régulation du système électrique à moindre coût :
- Equilibre des Energies est convaincue que la gestion intelligente, en particulier des consommations modulables, reportables et/ou effaçables est un élément important de cette régulation. Les dispositifs biénergie (électricité/fioul, électricité/bois, électricité/gaz), pourront dans un avenir proche apporter une réponse intéressante aux vagues de froids et/ou de pénurie de vent (situation anticyclonique) ;
- Les progrès technologiques (compteur linky, smartgrid, gestionnaire de d’énergie domiciliaire), rendront possible à faibles coûts et sans pertes de confort, la contribution des bâtiments à la régulation électrique ; Pour autant que le système de tarification et de prix « temps réel » permettent de valoriser chez le client son apport à la régulation du système.
- Mutualiser la production d’EnR plutôt que soutenir l’autoconsommation individuelle : Il faut promouvoir les grandes installations de production, car elles permettent de réaliser des économies d’échelles et donc de baisser les coûts de production ;
- Mettre en place une politique incitative et des objectifs coordonnés entre tous les acteurs de l’énergie :
- Aligner les ambitions énergétique de la CEE, des Etats membres et des producteurs d’énergie sur des objectifs à au moins 20 ans ;
- Retirer les quotas de CO2 en excédent sur les marchés européens afin de réévaluer un tarif proche de 40€/TCO2, ce qui permettrait de passer plus vite du charbon au gaz. A ce jour, le prix est inférieur à 6€/T ;
Voici le premier extrait video avec Monsieur Jean-Louis Bal :