La Norvège affiche un objectif ambitieux à l’horizon 2025 : 100 % des véhicules nouvellement immatriculés seront des véhicules à zéro émission. Ambitieux, mais réaliste, vu l’essor du véhicule électrique dans ce pays. Retour d’expérience d’Antoine Weil, chef du département Marketing produit chez Volkswagen-Audi, suite à une mission récente en Norvège.
L’électro-mobilité a atteint 35 % en Norvège, avec pour objectif de ne plus vendre une voiture thermique en 2025. Quels sont les ressorts de cette montée en puissance ? Plusieurs points sont à mettre en exergue dans la stratégie norvégienne : le rôle décisif des aides gouvernementales ; les investissements importants dans le réseau de recharge ; la collaboration entre l’État, les organisations, les sociétés d’énergie et les importateurs de voitures électriques pour obtenir des objectifs communs et réalistes ; une offre large de véhicules sur le marché et la transformation de l’image des voitures électriques.
« La Norvège a compris que le véhicule électrique ne devait pas être seulement perçu par le consommateur comme un effort à réaliser pour l’environnement. La Norvège a fait changer les mentalités via un accompagnement global, en mettant en avant l’ensemble des atouts du véhicule électrique et en levant un certain nombre de freins afin d’obtenir l’adhésion des consommateurs. Prix, aides incitatives, utilisation simple grâce au développement d’infrastructures, arguments environnementaux… cette approche globale visant à activer tous les leviers a permis de changer les mentalités et de démontrer aux consommateurs que le véhicule électrique n’est pas plus contraignant que le véhicule thermique », explique Antoine Weil.
Il faut dire que la Norvège n’a pas lésiné sur les infrastructures. Les usagers trouvent des bornes de recharge à peu près partout. Sur le réseau routier et autoroutier, des bornes ont été installées tous les 50 km. En ville, la recharge est gratuite. Chaque place de parking de l’aéroport d’Oslo est équipée d’une prise. Les exemples de la sorte sont multiples. Le pays compte 2 032 stations de recharge et 8 778 bornes de recharge, dont 7 794 publiques et gratuites. « La France doit développer ses infrastructures et aller vers des infrastructures de charge interopérables et facilement utilisables. Nous devons lever les freins liés au prix, à l’autonomie et à la recharge des véhicules électriques », ajoute Antoine Weil.
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Un large panel de mesures incitatives et d’avantages
Certaines mesures incitatives fortes des pouvoirs publics norvégiens ont été déterminantes, comme l’absence de taxe d’importation pour l’achat d’un véhicule électrique. En règle générale, cette taxe atteint en moyenne 40 % dans les autres pays. « Cette mesure est certes logique puisque la Norvège ne compte pas de constructeur de véhicules électriques, mais elle constitue un signal fort de l’engagement des pouvoirs publics sur le terrain de la mobilité électrique », affirme Antoine Weil. Cet avantage permet de rouler en Tesla pour le prix d’une Golf GTI thermique. La e-Golf de Volkswagen, la Leaf de Nissan et des modèles de la marque Tesla sont les véhicules électriques que l’on croise le plus en Norvège. De nombreux avantages ont été octroyés aux véhicules électriques : péage gratuit pour entrer à Oslo, gratuité des péages autoroutiers, gratuité de certains parkings…
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Le véhicule électrique gagne l’ensemble de la population et de l’économie
Les mesures déployées en Norvège ont convaincu les consommateurs qu’il est possible de se déplacer en véhicule électrique. La Norvège est ainsi passée de 75 % de ventes de diesel à 25 % de ventes de véhicules électriques ou hybrides rechargeables. 50 % des ventes concernent les particuliers et 50 % les entreprises. L’ensemble de la société et de l’économie norvégienne participent donc au développement du véhicule électrique.
« La Norvège s’est donnée et se donne les moyens de ses ambitions. En 2025, environ 2,5 millions de véhicules électriques seront vendus chaque année. L’objectif CO2 affiché pour 2020 est de 85 grammes par km pour la totalité du marché, seuil en passe d’être atteint cette année. La moyenne CO2 de Volkswagen en 2016 est de 76 grammes par km. Nous accompagnons le développement réussi du véhicule électrique en Norvège avec 36 566 véhicules de notre marque vendus de 2013 à juin 2017, soit 1/3 du nombre total de véhicules électriques circulant dans le pays », conclut Antoine Weil.