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Eoliennes en mer : le calme avant la tempête ?

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Parmi la grande diversité des sources d’énergie renouvelable on ne peut plus aujourd’hui faire l’impasse sur ce que peuvent nous apporter les mers et océans. Recouvrant 70% de la planète ils auraient un potentiel énergétique exploitable de 20 000 milliards de kWh ! Et pourtant en France, à l’heure actuelle, toujours aucune trace d’énergies marines renouvelables alors même que de multiples projets attendent d’être concrétisés.

Les récentes Assises de l’économie de la mer ont toutefois relancé le débat et ont surtout vu l’affirmation d’une volonté politique : le début d’une prochaine montée en puissance des EMR ?

L’éolien offshore, maitre des EMR

Les énergies marines renouvelables ou EMR désignent l’ensemble des systèmes de production d’énergie utilisant les forces issues des mers et océans. On y retrouve par exemple :

  • l’énergie marémotrice (les marées),
  • l’énergie hydrolienne (les courants marins),
  • l’énergie houlomotrice (les vagues),
  • l’énergie éolienne offshore (le vent).

Cette dernière est aujourd’hui la source d’énergie marine la plus utilisée et surtout la technologie la plus mature puisque le premier parc d’éoliennes offshore a été inauguré dès 1991 au Danemark.

La multiplication des parcs depuis les années 2000 en Europe puis en Chine a permis à l’éolien offshore d’entrer dans un cycle de maturité avec des technologies et processus industriels maitrisés induisant une baisse des couts, malgré l’accroissement de la complexité des projets. Cela a largement contribué à la compétitivité actuelle de cette énergie.

Si ces couts de production se situent encore en moyenne à 130€/MWh, les réductions attendues commencent à se ressentir avec des projets aujourd’hui attribués aux alentours de 100€/MWh en faisant une source d’énergie compétitive face à l’éolien terrestre (80€/MWh).

Il faut rajouter à cela ce qu’on appelle le facteur de charge qui est le rapport entre l’énergie effectivement produite et la capacité théorique de production (si l’éolienne fonctionnait tout le temps à plein régime). C’est sur cet aspect très important que les éoliennes offshore se démarquent puisqu’elles peuvent profiter des puissants vents du large. Leur facteur de charge peut ainsi atteindre les 40% alors que l’éolien terrestre n’est lui qu’à 25% !

Eoliennes posées ou éoliennes flottantes ?

L’éolien offshore est pour l’instant presque exclusivement composé d’éoliennes « posées » c’est-à-dire fixées sur le fond marin. Cette technique est relativement simple à mettre en place mais oblige à rester à des profondeurs faibles (jusqu’à 40m) pour garantir stabilité et surtout éviter des couts d’installation et de raccordement prohibitifs.

Pour pallier ces problèmes, une solution a récemment émergé. Il s’agit tout simplement de ne pas fixer les éoliennes mais de les faire flotter ! Ces éoliennes flottantes sont composées d’un flotteur ancré en plusieurs points au fond marin et sur lequel repose un mat d’une soixantaine de mètres. Cela pose évidemment plusieurs difficultés, notamment pour résister à une forte houle ou même à des vagues qui peuvent atteindre plus d’une dizaine de mètres de haut.

Les avantages que procure ce système dépassent toutefois largement ces problématiques techniques qui sont aujourd’hui maitrisées. Les éoliennes flottantes peuvent tout d’abord être placées bien plus loin des côtes, profitant ainsi de vents encore plus puissants et pouvant ainsi produire presque deux fois plus qu’une éolienne terrestre. Cet éloignement entraine certes des couts de raccordement plus importants mais la maintenance et surtout le démantèlement se révèlent bien plus simples.

Souvent soulevées par les opposants aux parcs éoliens offshores, l’impact visuel et environnemental des éoliennes flottantes est bien moindre puisqu’en plus d’être très éloignées des côtes, elles n’entrainent pas de profondes dégradations du fond marin et posent bien moins de problèmes de pollution sonore.

Quelques exemplaires d’éoliennes flottantes ont déjà vu le jour au Japon ou au Portugal mais c’est l’Écosse qui a véritablement lancé le mouvement avec l’installation d’un premier parc de 5 éoliennes flottantes de 6MW à 25km de ses côtes cet été.  En France le premier prototype a quitté le port de Saint-Nazaire il y a peu pour être installé à 22km des côtes et subir deux ans d’expérimentation.

La France, grande absente du secteur

Aujourd’hui la majorité des éoliennes offshore se trouvent en Europe avec une capacité installée de 12GW, en grande partie par le trio Danemark, Allemagne et Royaume-Uni. Ce dernier a d’ailleurs d’ores et déjà prévu d’installer le double d’ici 2030 ! De nombreux autres pays, au premier rang desquels la Chine, se sont aussi rapidement et avec force lancés dans l’aventure offshore participant au développement de cette technologie et à l’abaissement des couts.

Alors qu’elle possède le 3e domaine maritime mondial et plus de 11 millions de km² de côtes, la France se fait ici remarquer par sa totale absence. Ce ne sont pourtant pas les initiatives qui manquent puisque 7 projets de parcs éoliens posés et 4 d’éoliens flottants sont actuellement en préparation dont certains remontent à 2004.

Un retard important donc, dû aux procédures administratives longues et complexes mais aussi aux multiples recours d’associations d’habitants ou environnementales. Beaucoup s’inquiètent en effet des impacts environnementaux et visuels de ces parcs ainsi que de leur possible collision avec les activités de pêche. Après des années de batailles juridiques, la cour d’appel administrative de Nantes a néanmoins donné son feu vert définitif pour l’installation des parcs au large de Fécamp et de Saint-Nazaire. Avec eux, ce sont en tout 4 parcs de 60 à 80 éoliennes qui vont pouvoir démarrer d’ici les prochaines années.

Plus sur : Quels freins pour l’éolien en France ?

L’absence de la France dans ce secteur énergétique est aujourd’hui de plus en plus problématique, d’autant que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une puissance de 3000MW d’éolien offshore d’ici 2023. Pour rattraper son retard, la France va donc devoir « souquer très ferme » comme l’a reconnu récemment le Premier Ministre Édouard Philippe[1].

S’il a fallu de nombreuses années pour y parvenir, l’autorisation définitive récemment accordée à plusieurs parcs a permis de remettre les projecteurs sur cette filière qui s’organise et se mobilise de plus en plus. Le sujet a ainsi été largement abordé lors des récentes Assises de l’économie de la mer qui se sont déroulées au Havre fin novembre où se sont présentés le Premier Ministre ainsi que le ministre de l’écologie Nicolas Hulot qui a notamment annoncé vouloir réduire le délai de création des parcs à moins de 7 ans.

Nous ne pouvons qu’espérer que cela suffise à enfin lancer la France dans cette filière prometteuse et nécessaire pour l’avenir énergétique de notre pays.

 

[1] Discours du Premier Ministre Édouard Philippe lors des Assises de la Mer au Havre le 21 novembre 2017

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