Les Présidents Serge Lepeltier et Jean Bergougnoux ont reçu Madame Fabienne KELLER, Sénatrice du Bas-Rhin, Secrétaire nationale Les Républicains, à l’Energie et aux Transports, le 14 décembre dernier pour débattre autour de la question de : « COP de Paris, loi de transition énergétique… et ensuite ? » .
Lors de sa prise de parole introductive, Madame Keller a tout de suite annoncé qu’elle “ne se consolait pas de l’abandon de l’écotaxe” qui aurait apporté des ressources pérennes afin de financer la transition énergétique. Il semblait logique de taxer ceux qui émettent des Gaz à effet de serre afin d’investir dans la réduction des émissions de co2. Actuellement, les hausses d’impôts appliquées ces dernières années en France ne permettent plus d’ajouter de nouvelles taxes.
Promesses des pouvoirs publics : Incohérences et absence de budget nécessaire
Il faudra admettre que la Loi relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) de 2015 restera un marqueur de gauche avec des ambitions irréalisables comme la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à hauteur de 50% en 2025, qui a été annoncé sans être assorti d’un calendrier réel et concret. De la même manière, le droit au logement est une belle promesse, mais il ne peut pas se réaliser sans un plan de constructions d’immeubles ambitieux et donc financé. “La LTECV sera mise en oeuvre par un autre gouvernement après les élections présidentielles…”, commente la Sénatrice…
Madame Keller a ensuite énuméré les exemples d’initiatives pour l’emploi qui sont incohérentes avec les enjeux de la transition. Par exemple, la loi Macron a permis, entre autres, de développer les transports en autobus dans toute la France, le long des voies de chemin de fer. Des emplois ont bien été créés en récupérant des voyageurs de la SNCF qui produisent maintenant des émissions de co2 bien supérieures à celles du train! Le bilan écologique sera bien à revoir… Même si des initiatives collaboratives développent le co-voiturage, le changement de comportement reste lent, dans un contexte de prix du pétrole particulièrement bas.
L’Europe du Nord est une source d’inspiration
D’autre part, la sénatrice partage les exemples vertueux des autres pays européens nordiques. Fabienne Keller pense qu’il est nécessaire de croiser les avantages du numérique et les données sur les énergies afin d’accélérer la décentralisation de la production et de la consommation d’énergies dans les régions, comme en Allemagne. Un participant évoque la Suède, qui peut également nous inspirer avec l’adoption d’une taxe carbone à 100€/tonne qui a tout simplement modifié les comportements des habitants, dans un pays qui est fortement équipé en énergie hydraulique. Le Danemark a imposé naturellement le transport écologique avec le vélo et les transports en commun dans la mesure où le pays n’a jamais eu d’industrie automobile. Enfin, le couple franco-allemand poursuit des visions complémentaires dans les domaines de l’énergie ce qui permettrait de définir une stratégie commune enrichie. L’Allemagne prend une avance certaine dans la production des EnR afin de réduire la consommation de charbon au plus vite.
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Les ENR en relève du nucléaire, un objectif louable, mais inatteignable en 2025
La France possède une puissance nucléaire presque décarbonée et un très grand littoral pour exploiter les énergies renouvelables. Mais l’objectif de réduire la part du nucléaire à 50% du mix énergétique semble difficile à atteindre en raison du niveau actuel des ENR qui représente en 2016, seulement 17% du mix énergétique. Il est urgent d’accélérer les investissements en France pour ne pas laisser la maîtrise de ces technologies aux autres pays européens.
D’autre part, le marketing des entreprises de rénovation propose plus souvent la refonte de la cuisine ou de la salle de bain, plutôt que des travaux d’économies d’énergie. Il n’y a pas assez de rénovations dans les grands ensembles et les énergies fossiles ne sont pas assez chères pour permettre une meilleure rentabilité des travaux de rénovation.
L’outil économique idéal aurait probablement été celui des quotas individuels, une carte carbone dont chacun serait détenteur. Mais un tel outil semble difficile à mettre en œuvre à court terme, même dans le pays qui a inventé la carte à puce. L’outil de la fiscalité reste pour le moment le plus efficace même si rien n’interdit de suivre les développements des marchés de permis individuels. En conséquence, la hausse du prix du carbone européen est une priorité. La mise en place d’une taxe carbone à nos frontières est aussi souhaitable si le produit importé ne présente pas la même efficacité carbone. Il faut un comité de gestion mensuel du CO2 !