Une étude sénatoriale présentée le 18 juillet dernier, annonce une augmentation probable de 50% de la facture moyenne des ménages français d’ici 2020. Une augmentation qui d’après le directeur général de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), Bernard Laponche, et le directeur du bureau d’étude Enertech, Olivier Siedler, pourrait être modérée si nous parvenions à réduire notre consommation d’électricité.
Une augmentation des coûts de production
La facture moyenne d’électricité annuelle d’un ménage français, aujourd’hui évaluée à 874 euros, devrait ainsi atteindre la somme de 1307 euros. Une hausse plus que conséquente expliquée en partie par la croissance des prix de production.
D’après les sénateurs, les coûts de production sont amenés à augmenter ces prochaines années suite aux importants investissements à réaliser dans le secteur des énergies renouvelables et dans le nucléaire (démantèlement des centrales les plus anciennes et révision des normes de sécurité).
Des économies d’énergies dans le bâtiment
Pour parer à cette augmentation des prix, la consommation devrait être amenée à baisser ces prochaines années. Le Grenelle de l’environnement a pour objectif pour 2020, une baisse de 15% de la consommation d’énergie finale par rapport à 2010. Un projet ambitieux d’après Bernard Laponche, expert en politique de maîtrise de l’énergie qui voit le bâtiment comme la principale source de progrès représentant aujourd’hui à lui seul 66% de la consommation totale d’électricité en France.
Une meilleure isolation des bâtiments pourrait par exemple très largement améliorer la facture énergétique de ces derniers comme nous le démontre notre article présentant le retour d’expérience sur la première maison labellisée BBC par Promotolec en avril dernier. L’isolation de l’habitation avait été optimisée et des solutions thermiques électriques respectant les contraintes de la RT2012 sans émission de Co2 avaient été installées.
Après avoir fait quelques ajustements et les réglages nécessaires durant la première année suivant la construction de cette habitation, la baisse de la dépense en achat d’électricité atteignait 1200 euros et l’installation photovoltaïque à 3kWc rapportait plus de 2000 euros par an.
La maitrise des appareils à usages spécifiques
«Il y a également des efforts à faire pour le tiers des ménages qui se chauffent à l’électricité, ainsi qu’au niveau des usages spécifiques».
En effet, les équipements d’électroménager, hifi, informatique et tout particulièrement l’utilisation de chauffages d’appoints représentent aujourd’hui plus de 50% de la consommation électrique dans le secteur du bâtiment. D’après Monsieur Laponche, le potentiel d’économie serait d’environ 20% uniquement au niveau de ces appareils extrêmement énergivores.
Ce dernier regrette l’absence d’incitations de type bonus/malus en faveur des équipements électroménagers performants qui pourraient encourager les consommateurs à investir dans des solutions plus économiques en terme de dépenses énergétiques.
D’après Olivier Siedler, les français ont fait de leur consommation d’électricité une « fatalité ».
«Tous les appareils en veille consomment chaque année l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Prenons l’exemple de l’informatique : les Français laissent leurs ordinateurs allumés toute la journée. Résultat, le poste bureautique représente pour un foyer moyen 400 kilowattheures par an. Un lave-linge, c’est seulement 169 kwh.»
La prise de conscience devrait par exemple commencer par un choix d’appareils à la taille de nos besoins réels en renonçant à une ambition démesurée et inutile.
Le directeur général de l’Ademe dénonce également de nombreux gaspillages qu’il qualifie de « flagrants et complètement imbéciles » tel que l’utilisation de panneaux publicitaires lumineux consommant en électricité chaque année l’équivalent de deux ménages.
Une surconsommation d’électricité en France ?
D’après Bernard Laponche, la France n’a jamais eu à économiser son utilisation d’électricité faute d’avoir longtemps été dans une situation de surproduction d’énergie nucléaire. Il fallait donc écouler nos stocks ce qui expliquerait également l’incitation au chauffage électrique.
Monsieur Siedler présente de son côté l’électricité comme « un vecteur » et non comme une source d’énergie. Ce dernier recommanderait donc l’utilisation de cette énergie exclusivement pour ce qu’elle seule serait capable de faire, comme par exemple dans l’utilisation des pompes à chaleur et non pour le chauffage susceptible d’être alimenté par le gaz.
Si celui-ci reste près de deux fois moins cher que l’électricité, il reste malgré tout un facteur important à prendre en compte. En effet, le gaz augmente considérablement l’émission de CO2 et malgré un réseau électrique présenté par le directeur du bureau d’étude Enertech comme étant surdimensionné, le gaz reste une source d’énergie extrêmement nuisible pour notre environnement.
La solution proposée par Bernard Laponche pour éviter l’ascension de nos factures d’électricité reste avant tout la transition énergétique. Celle-ci permettra grâce à une réduction de notre consommation, la diminution des coûts en évitant par exemple d’avoir à remplacer les centrales nucléaires fermées. Il sera également pertinent de favoriser la production d’une électricité propre grâce à l’énergie solaire photovoltaïque ou à l’énergie éolienne par exemple. Nous disposons aujourd’hui de nombreuses options permettant une économie qui, même sur long terme, permettra d’aboutir à des dépenses profitables à la fois aux ménages et à l’environnement.
Pour le particulier, les conclusions ne sont pas évidentes : malgré un coût unitaire du kWh plus élevé en électricité, la souplesse du chauffage électrique qui permet de chauffer à la bonne température, uniquement là où il le faut, peut aboutir à une maîtrise de la consommation par les utilisateurs et donc à une diminution importante de leur facture de l’ordre des 2/3 par rapport aux autres énergies selon certaines sources. Comme dirait Nifenecker, président d’honneur de sauvons le climat : « mettons du chauffage électrique partout, en diminuant la part du nucleaire...