Il est facile de constater la baisse constante des prix de revient pour intégrer des panneaux photovoltaïques dans la construction et aussi lors de rénovation. A cela s’ajoutent les développements de batteries de stockage des marques comme Tesla ou Mercedes qui ne cessent de s’accélérer et d’offrir une vraie solution à l’intermittence.
D’ici 2020, le bâtiment à énergie positive BePos sera généralisé car le surcout ne devrait pas dépasser les 8% du budget global. L’étanchéité sera telle que les 5°C manquant en hiver seront fournis par l’énergie électrique produite in situ. Six mètres carrés de capteurs suffiront à la production d’eau chaude sanitaire pour une maison, tout en améliorant dans le même temps le rendement des capteurs photovoltaïques.
L’industrialisation des nouvelles technologies de capteurs change la donne.
Les industriels commencent à offrir des options comme la colorisation des panneaux qui deviennent mixtes avec technologies photovoltaïque et thermique. L’idée française de l’intégration au bati des modules progressent aussi bien dans le toit que sur les façades. En revanche, les capteurs transparents seront intégrés industriellement au vitrage dans une dizaine d’années. L’ingénierie et les process sont au point, notamment en ce qui concerne le pilotage et les solutions de stockage. Si le déploiement dans le tertiaire est prévu rapidement, où le profil de consommation en journée correspond au profil de production du solaire, ce le sera moins dans le logement social ou individuel.
Alors, il est vrai que la meilleure rentabilité se trouve à l’échelle d’un territoire où les prix de revient sont diminués et où le smart-grid est optimisé pour distribuer l’électricité produite là et au moment où se trouve la consommation. Le surplus est stocké par différents moyens, y compris les ballons d’eau chaude sanitaire. A contrario, lorsque la demande d’énergie électrique grimpe rapidement, il est encore utile de pouvoir retarder, à distance, le fonctionnement de certains appareils domestiques.
Par exemple, lorsque le réseau électrique est fortement sollicité, le Réseau de transport d’électricité (RTE) et les acteurs du marché peuvent avoir recours aux effacements de consommation pour équilibrer la production et la consommation d’électricité. Des particuliers volontaires à l’effacement diffus acceptent alors de modifier leurs habitudes pour consommer moins d’électricité à certaines heures programmées. L’effacement diffus peut donc être valorisé sur le marché de gros de l’électricité, sur le marché de l’ajustement, les services système et les appels d’offres capacitaires de Réseau de transport d’électricité. Il le sera bientôt sur le mécanisme de capacité, dans le cadre des nouveaux appels d’offres et du régime dérogatoire.
Mais l’effacement électrique diffus fait face aujourd’hui à de très grandes difficultés pour se développer.
Le modèle économique existant souffre de faiblesses structurelles importantes. Ce modèle repose sur l’existence d’un opérateur d’effacement qui installe chez les particuliers volontaires un boîtier.
Ce boîtier est posé sans coût pour les consommateurs et est piloté à distance par ce même opérateur.
Il permet à la fois de mesurer la consommation et de couper les installations électriques pendant dix à trente minutes. L’opérateur d’effacement agrège ensuite les micro-coupures et les valorise sur différents mécanismes et marchés, dont le marché de gros de l’électricité. Les économies réalisées ne sont pas toujours vérifiées. Le consommateur n’est pas rémunéré directement par l’opérateur d’effacement à la suite de cette valorisation. Ce modèle avec installation d’un boîtier dédié à l’effacement diffus ne semble donc pas rentable : les coûts sont très importants et dépassent fortement les bénéfices qu’il est possible de tirer de l’effacement électrique diffus.
Maintenant, les prix de marché de l’électricité ont tellement chuté que les offres d’effacement ne trouvent pas de valorisation suffisante, même en y ajoutant les diverses subventions. C’est une situation qui peut être conjoncturelle et demain, le modèle économique pourrait s’imposer à nouveau.
Aussi, grâce au progrès technique, il est possible d’envisager des modèles d’effacement diffus innovants qui permettent d’effacer d’autres appareils que les chauffages électriques à toute période de l’année, qui soient rentables économiquement, plus faciles à mesurer et à valoriser, et qui permettent au consommateur final de récupérer une partie des gains engendrés par l’opération d’effacement. Des entreprises innovantes développent des dispositifs de « home management » qui pourraient remplir un service d’effacement pour le système électrique.
Je reviendrai sur ce vrai sujet de l’effacement, qui semble indispensable avec l’usage intermittent des EnR, à l’occasion de l’étude des ruptures de modèles économiques des distributeurs d’énergie qui se transforment progressivement en allié actif de la lutte contre les émissions de co2.