Nommé il y a tout juste un an à la présidence de la Commission de régulation de l’énergie – CRE, Jean-François Carenco fait pour EdEn un premier bilan de son mandat et évoque les orientations futures de l’institution sur de nombreux sujets tels que l’autoconsommation, les smarts grids ou encore le Brexit.
La CRE a été créée en 2000 à la suite de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie. Quelles sont ses missions et ses pouvoirs ?
Jean-François Carenco : La CRE concourt au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz naturel au bénéfice des consommateurs finaux et en cohérence avec les objectifs de la politique énergétique. La mission de la CRE consiste donc à maintenir une énergie française compétitive et sécurisée pour les entreprises et les ménages. La CRE régule, c’est sa mission, et c’est un fait. Dès mon arrivée à la CRE, j’ai souhaité la faire évoluer vers une instance plus engagée dans les débats européens, plus active aux côtés des acteurs de l’énergie – car l’indépendance ne saurait être synonyme d’isolement –, plus industrialiste– car la défense de la sécurité de nos approvisionnements suppose un regard attentif sur l’action des acteurs de cette sécurité. Mais aussi, plus à l’écoute des évolutions technologiques et sociétales, car une régulation à trop court terme serait de peu d’intérêt au regard de la rapidité des évolutions de notre monde énergétique que je pourrais qualifier de révolutions.
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Vous êtes président de la CRE depuis maintenant près d’un an, quel premier bilan tirez-vous ? Sur quels grands axes souhaitez-vous mener votre action ?
J.-F. C. : La CRE est engagée auprès de tous ceux qui contribuent chaque jour au fonctionnement du marché de l’électricité et du gaz, en plaçant le dialogue et la confiance au rang de priorité. Nous avons délibéré en 2017 sur le commissionnement des fournisseurs, les tarifs réglementés – même si je pense personnellement que les débats sur leur suppression constituent une perte de temps –, sur les interconnexions électriques, sur la certification de Réseau de transport d’électricité (RTE) après son changement partiel de capital et sur de nombreux autres sujets. Nous l’avons fait avec une certaine idée de l’intérêt général, et de la défense et de la promotion de notre système énergétique. C’est dans cet état d’esprit que nous statuerons prochainement sur des sujets essentiels, tels que l’autoconsommation, les tarifs de stockage du gaz, les interconnexions avec l’Irlande, l’Espagne et, peut-être, à nouveau le Royaume-Uni. Le comité de prospective de la CRE, lancé il y a peu, accompagnera notre action et enrichira nos discussions. La confiance passe également par la diffusion de l’information et la modernisation des outils de communication de la CRE : blog, compte Twitter, nouveau site Internet à venir, rencontres, colloques, etc. Enfin, la CRE se met plus que jamais au service de la République – collectivités locales métropolitaines et d’outre-mer, Parlement, gouvernement – pour participer aux débats et apporter son expertise, sa capacité d’analyse et de prospective à tous ceux qui doivent décider. Le travail collectif mené par la CRE dépasse le cadre des opérateurs « traditionnels » du secteur et intègre de nouveaux acteurs, qui ne sont ni fournisseurs, ni producteurs, ni gestionnaires de réseaux. Ce sont les acteurs de l’innovation qui accompagnent pleinement la transition énergétique de notre pays.
Propos recueillis par Laurent Jacotey
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