Le Président de l’association équilibre des énergies, Jean Bergougnoux, recevait mardi 20 mai le député François-Michel Lambert, fondateur et président de l’Institut de l’Economie Circulaire qui rassemble déjà plus de deux cents entreprises privées. C’est à l’occasion d’un nouveau petit-déjeuner débat, organisé par Equilibre des énergies, et intitulé : “L’économie circulaire dans la construction” que le député est venu expliquer les innovations attendues. Voici le second extrait video.
Dans la construction, même s’il existe des initiatives, l’économie circulaire reste à inventer et peut être mise en œuvre de plusieurs façons :
- En amont, lors de la conception des bâtis – choix de matériau, isolation… Développement de réseaux collectifs de gestion des déchets, de production d’électricité à base d’ENR, en organisant et favorisant la régénération des matériaux comme on le fait avec le granulat. Il existe aujourd’hui de nombreux exemples d’entreprises industrielles développant un réseau de récupération de chaleur, réinjectée dans l’industrie ou même pour chauffer des bâtiments. Il faut poursuivre dans ce sens pour que chaque calorie soit vue comme une ressource à récupérer, à ne pas gaspiller. Il faut encourager la recherche et l’innovation pour inventer les technologies de recyclage qui permettraient de considérablement réduire les 50% de déchets non recyclés par manque de savoir-faire. Jean Bergougnoux précise à ce sujet, « s’agissant de la valorisation énergétique des déchets qu’il s’agisse de déchets agricoles, industriels ou ménagers, le choix est ouvert entre les techniques classiques de production de chaleur par incinération qui ont été perfectionnées au fil des ans, et les techniques porteuses d’avenir de production de biogaz par méthanisation. Ce biogaz, lui-même, peut être utilisé pour la production locale d’électricité, la substitution aux combustibles fossiles comme source d’énergie dans les réseaux de chaleur ou, après purification, être injecté dans les réseaux de gaz naturel. On assiste donc à une floraison de solutions énergétiques qui impactent directement ou indirectement la problématique de l’utilisation rationnelle des énergies dans les quartiers et dans les bâtiments. »
- En rationnalisant la production avec le développement des solutions technologiques innovantes– solutions d’efficacité énergétique, chaudière bi-énergie, réutilisation des eaux usées. Il y a aujourd’hui de nombreuses innovations qui réinventent les fondamentaux en termes de chauffage ou d’équipements sanitaires qu’il faut savoir soutenir. « L’exemple du système de récupération de chaleur de l’usine Arcelor de Dunkerque en est une illustration » confirme Patrice Novo, Directeur marketing chez Dalkia IDF « Les fumées autrefois perdues sont récupérées et la chaleur est ainsi utilisée pour chauffer la ville proche de l’usine ». Pour Jean Bergougnoux, cela passe également par le remplacement, dans le cadre des projets de rénovation, des matériaux et matériels anciens, énergivores par de nouvelles solutions, recyclables et favorisant des économies d’énergie.
- En généralisant la notion d’usage et de fonctionnalité pour rationaliser la consommation d’énergie plutôt que de rester sur le concept de propriété qui nous pousse à la consommation et augmente de manière considérable notre consommation énergétique. Le co-voiturage doit se généraliser à d’autres biens de la vie courante. Pour Jean Bergougnoux, « Il est clair que la durabilité des équipements et appareils utilisant les énergies dans les bâtiments résidentiels et tertiaires qui repose d’une part sur leur conception et d’autre part sur les politiques d’entretien et de réparation qui leur sont appliquées, est de nature à minimiser la consommation de matières premières plus ou moins rares qui sont nécessaires à leur fabrication ainsi qu’à optimiser les coûts de traitement et recyclage attachés à leur fin de vie. Mais, a contrario, n’est-ce pas par le biais du renouvellement des équipements que le progrès technique prend souvent effet ? Que l’on pense, par exemple, à l’électroménager (consommations d’eau et d’électricité) ou, plus encore aux technologies de l’informatique, de la communication et de l’audiovisuel et, pour sortir de notre cadre, au renouvellement du parc automobile, source majeure des progrès en matière de consommations de carburant au km parcouru. Il y a là, me semble-t-il, une vraie problématique mais qui, en tout état de cause, ne peut trouver de réponse satisfaisante sans une maîtrise technique et économique du recyclage ».
« Aujourd’hui, la filière bâtiment est force de proposition depuis l’épargne jusqu’à la régénération des matériaux. Elle doit poursuivre dans ce sens en développant la transversalité qui est un des enjeux fondamentaux pour regrouper les intelligences collectives. Les bâtiments qui sont des points de fixation dans le temps ont la capacité de donner de la perspective en développent des projets où les différents acteurs se partagent les charges mais aussi les bénéfices.
Les fournisseurs d’ENR ont un rôle essentiel à jouer mais ce ne sont pas les seuls acteurs. Pour ma part, je crois beaucoup dans les SIC ou les Sociétés d’économie mixte à projet unique que l’on vient de voter à l’Assemblée Nationale où l’investissement et la redistribution seraient partagés car au-delà de la technologie, de nouvelles façons de gouverner, de nouvelles fiscalités doivent être inventées et c’est tout notre modèle qu’il faut repenser. Il est incompréhensible que des entreprises locales, innovantes, soient aujourd’hui pénalisées car les bénéfices d’une gestion intégrée et globale des ressources et des déchets ne peut pas être valorisée en euros ! Elles sont écartées de manière quasi-systématique des Appels d’offres publics qui ne prennent en considération que le prix d’achat à court terme sans aucune considération des impacts économiques, sur l’emploi ou sur l’environnement. Il est temps d’avoir une vision plus cohérente de la transition énergétique, transversale, tout en favorisant les actions territoriales » a conclu François-Michel Lambert
Je vous laisse voir cette vidéo.