Philippe Pelletier, président du plan bâtiment durable et Denis Merville, mediateur national de l’énergie ont plutot rejoint les propositions de Jean Bergougnoux qui prône depuis plus d’un an la préférence pour des travaux de renovation légers, rapides et très nombreux. La pose d’un simple thermostat d’ambiance dans une maison chauffée au fioul peut diminuer, sans autres frais, la consommation et les factures de près de 10%!
Le 28 mai dernier, alors que le salon BatiEnergie n’allait ouvrir aucune de ses portes en raison d’un depot de bilan tardivement annoncé aux clients, notre association a maintenu sa conférence avec ses deux grands témoins pour débattre sur les solutions pour la rénovation thermique & la précarité énergétique. J’avais l’honneur de modérer ces débats avec plus de cent personnes dans la salle superbe du musée Dapper. Voici le premier extrait vidéo d’une introduction bien dans le vif du sujet!
Jean Bergougnoux ouvre les débats en créant le lien entre la précarité énergétique et la rénovation thermique. Il prend l’exemple des foyers, avec de mauvaises isolations thermiques et du materiel obsolète qui achètent des radiateurs électriques d’appoint pour compenser une piètre qualité de leur bâti et une régulation insuffisante. 25% des ménages français avouent utiliser des radiateurs électriques d’appoint pour assurer un confort convenable dans les périodes de grand froid, avec une proportion beaucoup plus élevée chez les personnes en situation de précarité énergétique. C’est-à-dire celles qui consacrent plus de 10% de leurs revenus au règlement de leur factures énergétiques. En 2012, il s’est vendu un million deux cent mille radiateurs d’appoints et les chiffres sont constants depuis une dizaine d’année.
Ce comportement s’explique par la simplicité d’installation et le faible prix de vente (quelques dizaines d’Euros) des radiateurs électriques mobiles, souvent asiatiques. Mais l’utilisation de ces appareils indolores sur le moment, peu performants et énergivores a des conséquences dramatiques quand les ménages reçoivent plus tard leur facture.
Pour lutter contre ce phénomène, Jean Bergougnoux préconise la réalisation d’opérations de rénovations légères, favorisant le rapport efficacité / coût en procédant dans un premier temps à l’amélioration de l’isolation puis dans un second au remplacement des appareils de chauffage et à l’installation de système de régulation.
Le problème se pose en ce qui concerne le financement des travaux de rénovation puisque les personnes en situations de précarité énergétique correspondent le plus souvent à des ménages en situation de précarité économique aussi. Ils n’ont donc pas la capacité de financer quel que soit le montant de l’aide apportée. Or, la situation des fonds publics aujourd’hui ne permet pas de solliciter des budgets qui n’existent pas. Nous pouvons logiquement nous demander si ce ne serait pas aux opérateurs d’apporter ce complément ?
Je demande alors à Denis Merville sa première réaction après les propos tenus par M. Bergougnoux. Le Médiateur rejoint Jean Bergougnoux dans le soutient à la conduite d’opérations de rénovations « peu onéreuses mais très efficaces », comme il l’avait lui-même expérimenté dans sa commune de Sainneville-sur -seine près du Havre, dès le milieu des années 1980, en isolant les sous toitures et en installant des vannes thermostatiques dans les bâtiments publics : « Il faut se concentrer sur ce qui est essentiel et présente un temps de retour sur investissement rapide ».
Enfin Philippe Pelletier souhaite aussi répondre sur ce point de vue. Il rappelle que l’objectif inchangé, défini lors du Grenelle de l’Environnement, est une consommation énergétique des bâtiments « basse », à l’horizon 2050, mais sans donner le mode d’emploi sauf à suivre une allure plus rapide dans le neuf que dans la rénovation. Dans le prolongement de Jean Bergougnoux et Denis Merville, Ph. Pelletier met l’accent sur la difficulté de prendre en compte à la fois les données économiques, écologiques et sociales et sur l’importance ne pas mettre la barre trop haute. Il y a aujourd’hui 4 millions de ménages qui consacrent plus de 10% de leurs ressources à mal se chauffer. L’Etat a décidé de s’y attaquer en aidant ces ménages à réduire de 25% leur consommation d’énergie, par des gestes peu couteux d’ajustement des comportements, de maintenance des installations et d’isolation des combles.
Je vous laisse écouter plus en détails leurs propos dans cet extrait video avant de me laisser vos commentaires pour poursuivre le débat inscrit pleinement dans l’actualité.