L’outil de calcul qui permet d’appliquer la RT2012 ne cesse d’être modifié. Les résultats calculés par les professionnels de la construction ne sont jamais les mêmes et engagent pourtant leur responsabilité devant les propriétaires. Les maisons neuves devront consommer trois fois moins d’énergie en janvier 2013.
A partir du 1er janvier 2013, il sera interdit de livrer une maison sans présenter un calcul thermique de la consommation d’énergie primaire inférieur à 50 kWh/m².an. Ce chiffre, illisible pour le consommateur qui ne sait observer que son compteur vissé au mur, repose sur trois coefficients – besoin bioclimatique (Bbio), consommation conventionnelle d’énergie primaire (Cep) et température intérieure de consigne (Tic) – calculés à l’aide d’un outil informatique développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Depuis la publication l’été dernier de la méthode de calcul, six versions de l’outil ont été développées puis testées par un groupe de travail d’applicateurs et une septième version est attendue pour l’été prochain, selon le CSTB.
L’outil n’est plus à la portée d’un simple artisan puisqu’il requiert la saisie de cinq à sept fois plus de paramètres qu’auparavant. Il est facile de comprendre le stress des ces pros qui doivent imaginer une combinaison de matériaux, d’équipements et d’heures de travail pour livrer 50 kWh/ep/m²/an à un prix définitif signé sur le contrat. Une variation du calcul implique d’autres combinaisons à des couts différents.
Surtout, au fur et à mesure des mises à jour, les résultats en maison individuelle ont beaucoup varié. Patrick Vandromme, président de Maisons France Confort, déclare « Nous ne sommes pas hostiles à la RT. Mais je ne sais pas à quel prix je vais devoir vendre ces maisons : entre septembre et février, les exigences de consommation calculée par le moteur se sont renforcées de près de 20 % ». Les délais de constructions permettent la commercialisation de maisons individuelles, dès cet été, avec des catalogues, des descriptifs techniques sans pouvoir optimiser les prix afin de garder une marge de manoeuvre. Le CSTB confirme : « Les écarts entre les versions vont de 0,5 à 3 kWh/m².an. Et le rythme des mises à jour devrait ralentir », estime Jean-Robert Millet, responsable du moteur de calcul.
D’autre part, la dernière version logicielle annonce sans doute la disparition de l’effet joule. Une maison de 90 m² chauffée à l’électricité en région Rhône-Alpes a ainsi vu sa consommation baisser de 7 kWh/m².an entre les versions de juin et septembre 2011 puis gagner 10 kWh en février. « Cette version ne nous permet plus d’utiliser l’effet joule, qui était pourtant pertinent pour une grande partie du pays compte tenu de la faiblesse des consommations », regrette Patrick Vandromme. Ce dernier prévoit d’ailleurs une baisse d’au moins 10% des commandes de maisons individuelles en 2012. Je vous laisse écouter l’interview de M. Vandromme à partir de la sixième minute.
Le besoin de formation est toujours d’actualité ce qui d’ailleurs favorise les groupes de construction face aux artisans qui ne peuvent pas aussi facilement abandonner un chantier durant plusieurs jours. Un témoignage entendu en réunion: »J’ai vu un artisan ajouter de l’isolant partout pour atteindre les 50 kWh/m².an, alors que le résultat était faussé par une simple erreur de saisie sur la ventilation ». En attendant, les constructeurs anticipent d’éventuelles non-conformités et donc un risque de contentieux qui ferait fondre les marges pour remettre la maison au dernier calcul de norme. Les signatures de contrats sont donc en baisse, entre autres, car beaucoup de monde souhaite prendre du recul sur l’application des normes avant de s’engager à fond perdu. D’autres se tournent vers le ministre Benoist Apparu pour demander la même tolérance que pour le collectif : en fixant un palier à 57,5 kWh/m².an pour le « CEP max » jusqu’à fin 2014. La réponse est toujours négative à la veille d’un nouveau gouvernement…