Le mardi 15 mai 2018, le Président Brice Lalonde recevait le Président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques – OPECST – et Sénateur de la Meuse, Gérard Longuet afin d’échanger sur ses vues concernant la transition énergétique : Retour sur cet événement.
Pour ce premier Atelier-Débat de l’année avec un homme politique, c’est le Président d’honneur Jean Bergougnoux qui a ouvert les échanges en rappelant que nous étions aujourd’hui à un tournant de la transition énergétique. En effet, la rencontre entre la nécessaire baisse des émissions de CO2 et la révolution numérique a fait émerger de très nombreux objets connectés dans le bâtiment, qui permettent de diminuer significativement les consommations. Comment gérer ces nouveaux outils ? Pour Jean Bergougnoux, deux alternatives sont possibles. Dans la première, le gestionnaire d’énergie chercherait l’optimum pour le consommateur – choix du fournisseur, des outils et solutions – alors que dans la seconde, ça serait le producteur d’énergie qui contractualiserait avec l’usager et s’occuperait de mettre ses usages dans une trajectoire compatible avec les intérêts économiques et climatiques. Quel horizon choisir ? Peuvent-ils cohabiter ? Pour Jean Bergougnoux ces questions nous rappellent toute l’importance de la prospective, cette dernière devant éclairer les politiques dans leurs choix.
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L’OPECST, un office parlementaire au service de la transition énergétique
Gérard Longuet l’a rappelé, depuis sa création historiquement liée aux questions énergétiques, l’OPECST « ne fait ni de politique industrielle, ni de politique scientifique ». Sa raison d’être est de faire un « état de l’art à un moment donné sur un sujet », afin d’éclairer le choix des parlementaires. La révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie – PPE, le stockage des EnR, l’avenir du nucléaire, le développement du biogaz… c’est face à ces multiples questionnements, qui requièrent tous des réponses rapides que l’OPECST a décidé de changer de méthode sous l’impulsion de son Président et de son Vice-Président, le Député et mathématicien Cédric Villani. Ainsi, l’Office s’efforcera dorénavant de produire des notes synthétiques plutôt que de mettre en place des projets lourds qui ont pour inconvénients de trop mobiliser de ressources et de s’étaler dans le temps.
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De nombreuses questions sur le futur énergétique de la France
Transition énergétique oblige, la première question portait logiquement sur la Stratégie Nationale Bas-Carbone – SNBC, et sur le dérapage important de la France par rapport à ses objectifs de décarbonation. Partageant le constat de notre association, Gérard Longuet a insisté sur l’insuffisante diminution de nos émissions directes de CO2 alors que dans le même temps, du fait de la désindustrialisation, nos émissions indirectes liées à nos importations montaient en flèche. Le Président de l’OPECST a tenté d’apporter des éléments d’explication : selon lui, les politiques pour alléger l’empreinte carbone sont seulement une des préoccupations des élus et non une priorité comme le sont la préservation de l’emploi ou l’équilibre des finances publiques. De plus, pour les politiques la lutte contre le dérèglement climatique apparaît souvent comme contraignante – foisonnement de normes – ou trop tournée vers des solutions extérieures – importations –, soit des éléments qui ne correspondent pas avec les priorités des élus . Le Président de l’OPECST – à partir à 8:09 – a également déploré la mauvaise calibration de la Loi de transition écologique pour la croissance verte – LTECV – et de son impact sur la précédente PPE.
Par la suite, le Président Gérard Longuet s’est exprimé sur le sujet hautement stratégique du stockage de l’énergie au moment même où l’Europe se lance dans un « airbus des batteries ». Il n’est pas certain que l’Europe soit en capacité de mettre les moyens et les règles nécessaires pour rattraper les concurrents américains et asiatiques.
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Les mots du Président
Dans sa conclusion – à partir de 14:50, le Président Brice Lalonde a mis en exergue le fait que les différences entre « le monde de l’entreprise » et le « monde de la politique » sont toujours « très frappantes ». C’est pourquoi, il est important pour notre association et plus globalement pour tous ceux qui sont impliqués dans la transition énergétique de créer des espaces d’échange afin que l’urgence climatique devienne la priorité des politiques et pas seulement une préoccupation parmi d’autres.
Ce qu’en pense EdEn ?
A l’heure où une fenêtre s’ouvre pour le climat avec l’Accélérateur de Transition écologique, EdEn rejoint entièrement la volonté du Président de l’OPECST Gérard Longuet de se saisir rapidement des dossiers énergétiques afin d’éclairer les parlementaires. Pour EdEn, la « nouvelle méthode » est bonne et notre association se tient à disposition de l’Office pour contribuer à ses divers travaux.