A l’issue du sommet sur le climat, COP21, fin 2015, l’ensemble de la communauté internationale s’est clairement engagée sur la voie de la transition énergétique même si le retrait récent des Etats-Unis de l’Accord de Paris est venu quelque peu enrayer un élan prometteur. Comment les Français perçoivent-ils la dynamique de la transition énergétique ? Jusqu’où sont-ils prêts à aller d’un point de vue économique pour l’accompagner ? Une étude Synopia/Ifop fournit des statistiques instructives.
Le think tank Synopia a publié récemment en partenariat avec le Figaro et l’Ifop un sondage destiné à évaluer l’opinion des Français sur la transition énergétique et les grands choix énergétiques en cours et à venir. Les thèmes étudiés reflètent le périmètre fixé par l’Union Européenne et les pays membres en matière de transition énergétique : la sécurité d’approvisionnement et la continuité de fourniture, le coût des énergies et le prix final de l’électricité, le développement durable, la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une électricité propre, sans coupure et bon marché
Ce sondage révèle quelques enseignements et contradictions à prendre en compte. La bonne nouvelle, c’est que 87 % des Français seraient prêts à faire évoluer leurs habitudes de consommation pour les adapter à une production locale et renouvelable (vent, soleil…). Les autres réponses sont plus complexes à décrypter. Par exemple, les Français veulent une électricité propre, sans coupure et bon marché ! 70 % des personnes interrogées pensent que l’électricité doit être livrée en continu et sans interruption, 64 % estiment qu’elle ne doit pas être chère et 57 % souhaitent qu’elle soit issue d’énergies renouvelables (solaire, éolien…). Même si ce dernier chiffre n’arrive pas en tête des priorités, il demeure encourageant. Ce qui l’est moins, c’est le caractère contradictoire de ces données.
En effet, la prise de conscience environnementale et l’adhésion citoyenne à la transition énergétique sont là mais la réalité du porte-monnaie prévaut. Les options pour mettre en œuvre la transition énergétique sont nombreuses et ont forcément un coût. Qui financera ces coûts en dernier ressort ? Les citoyens sont très modérément motivés, ce qui peut se comprendre dans un contexte économique délicat. 58 % refusent toute hausse de leur facture d’électricité si elle était produite dans leur agglomération avec des énergies renouvelables, 30 % accepteraient une hausse de 10 %, 9% une hausse de 25 % et 3 % une hausse de 50 %. Certes, une nette majorité refuse toute nouvelle hausse des tarifs pour financer les énergies renouvelables mais cette opposition n’est pas catégorique puisque 42 % sont d’accord pour payer plus en faveur de la transition énergétique.
Un manque de sensibilisation et d’explication
Il ressort de ces points que les Français soutiennent l’essor des énergies renouvelables à condition que celui-ci s’inscrive dans un cadre maîtrisé en termes de coûts et de sécurité d’approvisionnement.
Ces données prouvent qu’il reste du chemin à parcourir en termes d’explications, de sensibilisation et de pédagogie. Sans compréhension claire de la population des enjeux de la transition énergétique, son déploiement ne sera pas simple. La transition énergétique n’est pas le seul apanage des gouvernants, l’adhésion de la population est un paramètre indispensable pour la mener à bien. La bonne volonté des citoyens existe, il s’agit de la saisir.
Une frilosité à évoquer la transition énergétique ?
Les candidats à la présidentielle et aux législatives ont évoqué les questions énergétiques et environnementales mais les ont certainement trop survolées en faisant souvent l’impasse sur leurs tenants et leurs aboutissants. Le gouvernement en place s’inscrit dans la continuité de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) et de la Stratégie nationale bas-carbone. Le choix de Nicolas Hulot en tant que Ministre d’Etat de la Transition écologique et Solidaire et d’Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports peuvent constituer des signaux favorables de par leurs popularités et compétences. Leurs voix peuvent porter auprès de l’opinion publique. Les deux secrétaires d’Etat nommés il y a quelques jours aux côtés de Nicolas Hulot – Brune Poirson et Sébastien Lecornu – sont la marque d’une volonté de renforcer la mobilisation sur le terrain de la transition énergétique. Les conditions semblent donc réunies à l’échelon citoyen et à l’échelon politique. Les actes et décisions à venir seront déterminants.